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Coup de projecteur sur les éminences grises des grandes entreprises françaises







21 Août 2013

Les entreprises sont le fait des hommes et de leurs idées. Derrière chaque organisation se trouvent en effet des esprits inventifs, capables d’avoir un regard neuf sur leur activité. Pour certains hauts dirigeants, cette faculté est même devenue un signe distinctif.


Dans toute entreprise d’envergure se trouve une personnalité dont l’importance se justifie par la capacité à penser en grand. Ces hommes de l’ombre sont aussi présents dans les grandes entreprises françaises. Et si leur métier n’est pas, à proprement parler, d’être le bras droit de la présidence, leur expérience les désigne toujours comme ceux à qui l’on vient demander conseil, ou confier ses doutes les plus intimes. On les trouve ainsi généralement à la tête des grandes fonctions de support sous des étiquettes variées. Directeurs adjoints, responsables de la stratégie, du marketing, des RH, ou « DAF ». Zoom sur quatre profils-types convoités pour leur clairvoyance et leur capacité à transformer une problématique en solution.

Philippe Villin : le frondeur

Coup de projecteur sur les éminences grises des grandes entreprises françaises
Ancien inspecteur des finances, Philippe Villin est surtout connu pour avoir été un temps vice-président du quotidien Le Figaro. Aujourd’hui banquier d’affaires, il est devenu l’un des hommes de réseau les plus influents au sein du CAC 40. « Je vends de l’intelligence des situations. Mes clients ont à leur disposition 24 heures sur 24, la meilleure encyclopédie vivante du monde des affaires », explique dans les colonnes du Monde, non sans une certaine assurance, celui dont l’avis détermine à l’occasion les choix stratégiques de Sanofi, L’Oréal, EADS ou encore Safran.
 
Philippe Villin affiche une certitude et une confiance en lui qui divise. On lui attribue tantôt les qualités d’un allié fidèle, tantôt les défauts de celui qui ne sait pas se retenir de s’exprimer. Ce franc-parler lui a d’ailleurs valu de se brouiller avec quelques grands dirigeants d’entreprises françaises. Mais ce sont ses prises de position politique qui confondent ceux qui connaissent mal son pragmatisme. Pourfendeur de la monnaie unique, Philippe Villin ne cache pas son opposition à l’euro, bien au contraire. « Ça tue l’industrie. Des millions de chômeurs paient pour nos capitulations », déclare-t-il. Ses prises de position en hérissent certains, mais cela n’enlève rien au talent de ce banquier d’affaires surtout soucieux du résultat au détriment des palabres.

Jean-Luc Chrétien : le stratège

Ayant occupé des postes importants dans les fonctions commerciales de groupes tels que Disneyland Paris, SNCF, ou encore Pierre & Vacances, Jean-Luc Chrétien est tout naturellement devenu l’un des deux Messieurs Stratégie du groupe Accor. Spécialiste du secteur du tourisme, il avait par exemple piloté, en 2002, le rachat par Pierre & Vacances de Maeva qui était alors l'un de ses principaux concurrents. Cette stratégie avait permis à ce dernier groupe d’étendre considérablement ses parts de marché en conquérant des segments complémentaires de clientèle jusqu’alors relativement inexplorés. Depuis, Pierre & Vacances est devenu le leader européen des résidences de tourisme.
 
Alors qu’il avait fait ses débuts dans le Groupe Accord en tant que directeur des ventes et du marketing, Jean-Luc Chrétien y est revenu une quinzaine d’années plus tard pour s’occuper de la stratégie de marque de l’entreprise. Après avoir contribué au développement de nombreuses entreprises du secteur du tourisme, il est donc devenu directeur général des ventes du groupe. Il a ainsi contribué à faire prendre à Accor le virage des NTIC. Non sans un certain succès, puisque « 26 % des ventes [du groupe] son réalisées en ligne, un résultat en forte progression », explique Jean-Luc Chrétien, « puisqu’il y a trois ans, il était seulement de 10 % ».

Thomas Peaucelle, le visionnaire

Thomas Peaucelle est le discret directeur général délégué à la stratégie de Cofely Ineo. Cette filiale de GDF Suez spécialisée en ingénierie des grands ensembles électriques intervient notamment auprès des collectivités territoriales et leur fournit par exemple des solutions de transport, de télécommunications ou de sécurité globale. Passionné de prospective, Thomas Peaucelle cite volontiers l’humanisme de la Renaissance comme source d’inspiration. Depuis la création de l’entreprise en 2001, il rythme ainsi la marche de plus de 15.000 collaborateurs répartis entre 300 antennes dispersées un peu partout en France. Son rôle ? Leur donner à voir la ville du futur et décliner cette vision prospective en moyens opérationnels qu’ils déploieront auprès des collectivités territoriales entrées dans l’ère de l’efficacité énergétique.
 
En effet, Thomas Peaucelle instille chez Cofely Ineo sa vision d’un urbanisme à la fois moderne avec une attention toute particulière portée au développement durable. Il se déroule aujourd’hui une « révolution numérique qui permet d’aller piloter au plus près la régulation de l’utilisation de nos équipements », expliquait-il d’ailleurs à l’occasion du 26e Festival Science Frontières. « Nous ne sommes plus, comme autrefois, les vendeurs d’une commodité » déclare-t-il au sujet du métier de Cofely Ineo, « mais de plus en plus les vendeurs d’un service qui permet au client de disposer à tout instant de la juste énergie dont il a besoin ». Pour ce « défricheur » de l’ingénierie, c’est en observant l’évolution des usages que l’on aménagera efficacement les territoires de demain ; et que l’on exerce, accessoirement, son métier avec un maximum de justesse.

Scott Stover : l’électron libre

Américain d’origine, et français d’adoption, Scott Stover ne se sent chez lui qu’à Paris. Quand il ne papillonne pas entre Los Angeles, sa terre d’origine, et la Provence, il sillonne les grandes métropoles de monde et prodigue ses conseils en stratégie aux collectionneurs privés, aux fondations et aux institutions culturelles en tout genre. Connaisseur prisé pour son avis, Scott Stover ne se prédestinait pas à œuvrer dans le milieu artistique en dépit de sa passion pour celui-ci. Après un MBA décroché au sein de la prestigieuse université Columbia, il se lance dans la finance. Mais il abandonne rapidement cette filière pour ouvrir son propre cabinet de conseil : Globalt Art Developpement.
 
Scott Stover s’installe en France, pays qu’il visite pour la première fois à l’âge de 17 ans et plus précisément à Paris qu’il apprécie pour « son envie d’être toujours à la pointe d’une offre culturelle débordante ». Aujourd’hui, ce passionné d’art n’envisage pas d’autre métier. « [L’art] m’enseigne la vie, toutes les émotions, la rencontre avec l’autre, la spiritualité », explique-t-il. Un engagement sincère qui lui a valu la reconnaissance du milieu puisqu’il a été démarché par l’ancien président du centre Pompidou, Bruno Racine, pour assister dans ses démarches d’acquisition la Centre Pompidou Foundation, l’un des plus importants donateurs du centre.
 
De l’expérience et une bonne dose de passion semblent être les dénominateurs communs de ces éminences grises. Et une telle réputation ne se décrète pas : elle se cultive à force de temps, et surtout d’ouverture d’esprit.