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Damp January : cet anti-Dry January qui ne convainc pas les addictologues







8 Janvier 2024

Le mois de janvier, depuis plusieurs années désormais, l’heure est à l’abstinence concernant l’alcool. Après les fêtes arrosées de fin d’année, l’idée est de passer un mois en étant sobre pour améliorer sa santé et réfléchir à la consommation d’alcool. Mais cette idée ne plaît guère aux industriels et viticulteurs… qui ont tenté de lancer leur contre-opération.


Damp January : un mois de janvier sans « trop » boire ?

Alors que le Dry January prône l’abstinence, le Damp January prône la « modération ». L’idée, pour les industriels, est effectivement de dire aux consommateurs de boire moins d’alcool, mais d’en boire quand même. Sauf que boire avec « modération », c’est déjà censé être ce que doivent faire tous les Français toute l’année. Raison pour laquelle les addictologues, qui se battent pour faire reconnaître l’alcool comme drogue et luttent pour la sensibilisation à la consommation excessive, ne sont pas convaincus.

« Ce n’est pas pour rien que “Damp January” est soutenu par des producteurs d’alcool », déclare Bernard Basset, médecin et président de l’association Addictions France, interrogé par le Huffington Post. « Le discours, c’est “buvez moins en janvier”. Mais boire moins, dans un pays où on boit beaucoup, ça devrait être un objectif permanent, pas un mois dans l’année. »

Le Damp January n’a que très peu d’intérêt pour la santé

Le lobby de l’alcool, selon les associations, aurait même été à l’origine de l’abandon du soutien du gouvernement pour le Dry January, avec des campagnes de prévention annulées à la dernière minute. D’ailleurs, le gouvernement lui-même refuse de dire aux Français de ne pas boire… et refuse d’appliquer lui-même l’abstinence.

Et c’est dommage. « Faire une pause pendant un mois si possible, ça a des bénéfices immédiats pour la santé et le rapport à sa consommation d’alcool qui n’existent pas si on continue à boire, même à une dose inférieure », explique le Docteur Bernard Basset. Quand au professeur Amine Benyamina, président de la fédération française d’addictologie, également interrogé par le HuffPost, il a des propos plus durs : « Le “Damp January”, c’est le cheval de Troie de l’industrie de l’alcool. En tout cas, on y retrouve ses éléments de langage : conseiller la consommation modérée plutôt que l’arrêt, la mise en avant de la responsabilité individuelle plutôt que collective. »