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Houellebecq et Rolin, mêmes anti-dépresseurs ?







16 Janvier 2015

« Soumission » de Michel Houellebecq et « Les Évènements » de Jean Rolin qui sort ce mois-ci chez P.O.L laisse entrevoir deux variations de politique fiction, pas si éloignée l’une de l’autre.


Jean Rolin
Jean Rolin
Les récents évènements ont contrecarré la promotion du dernier roman de Michel Houellebecq qui s’annonçait comme un ouvrage polémique et provocant. Le débat a tourné court avec les attentats de la semaine dernière. Dans le registre de la politique fiction, un autre roman, Les Évènements, de Jean Rolin est à mettre en perspective. L'auteur livre dans son dernier opus, une vision futuriste et anxiogène de la France. Comme Houellebecq qui est actuellement en Allemagne pour assurer le promotion de Soumission, Jean Rolin imagine les scénarii de la discorde.
 
Dans Les Évènements, la France est plongée dans la guerre civile. Ça et là, des milices s’opposent à des groupuscules d’extrême droite ou de la gauche ultra. Dans tous les cas, le « beau pays de mon enfance » comme le chantait Charles Trenet est le théâtre d’affrontements, de guérillas à la fois rurales et urbaines : le pays entier est à feu et à sang. D'improbables forces internationales essayent tant bien que mal de le pacifier, d'éviter son délitement. L’ambiance n’est pas loin de celle des Derniers jours du monde, le film apocalyptique des frères Larrieu, l’angle politique en plus. On peut aussi évoquer la Russie post-soviétique, post-nucléaire et post-Tchernobyl d’Antoine Volodine dans  Terminus Radieux, Prix Médicis 2014, ou La Route de Cormac McCarthy. Rien de tendre dans cet opus que l'on espère pas visionnaire. La guerre au centre de l'Europe, c'est pourtant ce qui s'est passé en ex-Yougoslavie en 1991. 

Pour observer avec des yeux perçants cette apocalypse et cette destruction, le héros de Jean Rolin sillonne la France en voiture, avant de terminer à pieds. Sous son regard parfois placide, viennent s’entrechoquer le monde d’aujourd’hui et cette vision chaotique. Pénurie, violence, le héros s’attache à décrire les traces laissées par la guerre dans le paysage environnant, de Paris à Port-de-Bouc, en passant par la Beauce, la Sologne et l’Auvergne. Le héros de Jean Rolin écrit son journal de guerre souvent plus cocasse que tragique. Il faut bien l’avouer, cette dérive, rêveuse et inspirée, cette traversée de la France en pleine guerre, laisse le lecteur quelque peu hagard.

Soumission, Michel Houellebecq, (Flammarion).
Les Évènements, Jean Rolin, (P.O.L)

Houellebecq et Rolin, mêmes anti-dépresseurs ?