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Petit moral pour les Français







21 Janvier 2016

Le « Journal du Dimanche » revient sur l’enquête du Cevipof, le Centre de recherches politiques de Sciences-Po. Question moral des Français, on pourra repasser.


Petit moral pour les Français
Lassitude, méfiance, morosité. La nouvelle devise de la France, en lieu et place de « Liberté, égalité, fraternité ? » Non, mais quand même, ce trio de qualificatifs n’a rien de très engageant. Il montre l’état d’esprit des Français. C’est ce que rapporte le Journal du Dimanche, après avoir pris connaissance des résultats de l’enquête menée par OpinionWay, pour le compte du Cevipof, le Centre de recherches politiques de Sciences-Po. Cette étude, annuelle, porte sur « l'état du pays et la confiance des Français. » Pour ce faire, 2 000 personnes ont été interrogées à la fin du mois de décembre 2015.

Cette année, comme en 2014, il faudra repasser. Les Français ont toujours le moral dans les chaussettes. Pour preuve, « les trois premiers qualificatifs évoqués par les Français en disent long sur l'état d'une société de la défiance. » Comme trinité, lassitude, morosité et méfiance donc. Bizarrement, la sérénité arrive en quatrième position ; la peur en septième. Le directeur du Cevipof, Martial Foucault, explique au JDD : « il faut comprendre cette lassitude, comme l'expression d'une vraie fatigue, l'impossibilité chez ceux qui mentionnent ce qualificatif de se projeter dans un avenir meilleur. »
 
Les Français les plus « las », sont « les actifs entre 35 et 50 ans. » Ils ressentent encore plus l’immobilisme. Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof et coresponsable de cette enquête, ajoute : « on est dans des problèmes dont personne n'arrive à sortir. Il faut que quelque chose se passe. » Outre la lassitude et la fatigue, dans la réalité, cela se traduit par « la capacité d'un système à absorber des chocs sans que cela débouche sur un chaos total », explique Martial Foucault au JDD. La lassitude est « préoccupante. » En effet, elle perdure et reste ambigüe : « elle est, certes, un rempart contre la déliquescence » mais, en même temps, elle produit du conservatisme. »
 
L’enquête du Cevipof indique par ailleurs, une fracture de plus en plus importante entre les Français, l’État et ses représentants. En premier lieu, les chercheurs notent un ras le bol de la politique en général, et des politiques en particulier. Pour Bruno Cautrès, il s’agit d'une « transformation profonde mais négative du rapport des Français à la politique. » C’est la France du haut contre celle d’en bas, déjà maintes fois débattue. En revanche, le phénomène s’accroît. La France du bas a tendance à se replier sur ce qu’elle connaît, à privilégier la proximité, « priorité absolue. » À 93%, famille et entourage proche sont sollicités. Quant à la défiance, si elle cible en premier lieu les partis politiques, elle englobe également des institutions comme « les médias, les syndicats et les banques. » Pour le directeur du Cevipof, qui se veut rassurant, c’est « l'image d'une société peu confiante, mais qui ne se délite pas. » C’est déjà ça.