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Se priver, le nouveau graal ?







18 Avril 2016

Entre la tendance des « morningophiles », qui se lèvent tôt pour vivre mieux, celle du jeûne, ou l’attrait pour le silence, se dégage un courant où la privation est source de bien-être.


Se priver, le nouveau graal ?
L’opulence, le trop plein ? Mis à l’index. Aujourd’hui, la tendance, c’est le less is more, le moins mais mieux. Et à trop vouloir le moins, la privation peut prendre le dessus. Une façon de s’alléger ou de se « purifier », dit Elsa Fayner dans Le Monde. Ce courant séduit de plus en plus de monde. Une privation positive dont les quatre piliers seraient le jeûne, le silence, la méditation et le lever aux aurores. Un monde de vie ascétique qui fait des émules dans une société qui se caractérise par son consumérisme. À voir toutefois quelles sont les véritables motivations de chacun, un besoin vital, ou un effet de mode ?
 
Et la journaliste du Monde, de se demander : « la privation serait-elle en train de s’imposer comme une solution à toutes les dérives de nos sociétés stressées ? » Il semblerait qu’elle séduise de plus en plus, à coup de stages de monodiète et de détox. Si le nom a changé, on parle de privation, et plus d'ascèse, rien de nouveau pour autant sous le soleil. Ce sont des pratiques très anciennes, une façon de « canaliser ses instincts », dit le spécialiste des religions, Odon Vallet. Ainsi, de tout temps, « les périodes de corps pénitent ont suivi dans l'histoire celles du corps triomphant. »
 
Dans tous les cas aujourd’hui, la diète oui, mais il faut qu'elle soit confortable, voir aménagée. Elle plaît « aux cadres actifs de moins de 50 ans, bons vivants le reste du temps, qui demandent la piscine, les soins, une belle chambre et un bon lit », explique Jean-Pascal David, gérant de la Maison du jeûne. Il ne s’agit pas de dormir sur une planche de bois. D’ailleurs, « un climat d’abondance » est nécessaire « pour qu’on se dise qu’il y a trop », explique Odon Vallet. On se dit aussi, moins maintenant, dans l’idée d’avoir « plus ensuite. » Qu'on se rassure, l'écart reste grand, entre la pose et la vraie ascèse.