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Indice d’opacité financière 2013, la Suisse reste championne



Journaliste pour VA Press. En savoir plus sur cet auteur




7 Novembre 2013

Au moment où l’OCDE se réunit à Istanbul pour aborder les délits financiers, le Tax Justice Network (TJN) publie le classement des pays les plus opaques financièrement. La Suisse arrive en tête avec 2 000 milliards de dollars d’actifs étrangers gérés. La France entre dans le classement à la 43ème place.


DR Arnd Wiegmann/Files
DR Arnd Wiegmann/Files
Le Tax Justice Network (TJN) publie son classement 2013 des pays en fonction de leur opacité financière. Comme en 2011, la Suisse est le pays où les transactions sont jugées les moins transparentes. 2 000 milliards de dollars d’actifs étrangers seraient gérés dans le pays. La situation de la Suisse pourrait cependant évoluer lorsque se feront ressentir les récentes ouvertures de la république helvétique, notamment de transparence par des accords bilatéraux avec les Etats-Unis.
 
Le Luxembourg est en deuxième position à cause d’un « mélange dangereux d’opacité, de lacunes dans la législation fiscale et de règles financières laxistes. » Selon le réseau d’observation des taxes, le Luxembourg est très représentatif de ces petits Etats dans lesquels les échanges financiers prennent une part disproportionnée par rapport aux productions de richesses. Après l’analyse des données publiques du ministère des Affaires étrangères luxembourgeois, le secteur financier représenterait plus de 30% de la valeur ajoutée. Par ailleurs, les activités bancaires seraient vingt-deux fois supérieures au PIP du pays. Le TJN explique que « Son adhésion à l'Union européenne (dont il est membre fondateur ndlr) le maintient en dehors de nombreuses listes noires des paradis fiscaux et lui donne une position de lobbying puissant dans le plus grand bloc économique unifié dans le monde. »

Hong Kong, Singapour, Caïman, Etats-Unis

Hong Kong et Singapour représentent l’Asie à la troisième et quatrième position du classement. La réglementation des systèmes bancaires des deux villes manquent de transparence alors qu’ils ont largement profité des fortes croissances de la région ces trente dernières années. De plus en plus de transferts de fonds européens et américains se dirigent vers ces deux villes asiatiques. 
 
Les iles Caïmans sont cinquième. Le TJN rappelle notamment que sur ce territoire le fait de demander des informations confidentielles est un motif d’emprisonnement.
 
Les Etats-Unis, qui n’ont de cesse depuis 2008 de faire de l’activisme dans la lutte contre l’opacité, sont classés sixième du classement. Le laxisme de la réglementation, qui varie selon les Etats, est ici mis en cause. 
 
Parmi les dix premiers on retrouve ensuite le Liban (7ème), Jersey (8ème), l’Allemagne (9ème) et le Japon (10ème). La présence de l’Allemagne, selon le TJN, s’explique par la quantité importante d’avoirs étrangers illicites. 

Entrée de la France dans le classement

La France entre dans le classement dont les méthodes ont été revues (1). Elle est classée 43ème sur les 82 pays présents. Le réseau Tax Justice lui reproche notamment sa part de 2,1% de la finance offshore mondiale. Le TJN invite la France à accentuer la lutte contre la fraude fiscale et à encourager la publication d'informations comptable par pays dans tous les secteurs.

Challenges  remet en question la méthode utilisée « 
Notons par ailleurs que le Royaume-Uni, 21e et absent du top 10 mondial, est en réalité le champion mondial de l'opacité financière si l'on prend en compte tous les territoires satellites qui dépendent de la couronne britannique » fait remarquer le magazine.

 
(1) Combinaison d’un score qualitatif obtenu par 15 critères (transparence des entreprises, l'efficacité de la régulation, le respect des standards de coopération) et d'un score quantitatif, poids du territoire dans la finance offshore mondiale.