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Quand les hautes technologies nous accablent plutôt que de nous simplifier la vie







29 Décembre 2015

Le blog Internet Actu hébergé par Le Monde, revient sur une présentation faite par le designer Sebastian Deterding, sur « le bien-être à l’heure des nouvelles technologies. » Pas si simple.


Quand les hautes technologies nous accablent plutôt que de nous simplifier la vie
Bien-être et nouvelles technologies. A priori, cette équation devrait marcher sans se contredire. Pourtant, le designer Sebastian Deterding, l’entend autrement. Lors d’un séminaire sur le bien-être « avancé », (Advancing Wellbeing Seminar Series), organisé par le Media Lab du MIT, le Massachusetts Institute of Technology, il estime que les choses ne sont pas aussi simples. Ainsi, rapporte le blog Internet Actu que Le Monde héberge : « alors que les technologies étaient censées nous libérer, nous nous sentons de plus en plus accablés, surmenés, rappelle le designer. »

Sebastian Deterding est spécialiste de la gamification, soit de la « ludification » en Français. Autrement dit, « le transfert des mécanismes du jeu dans d’autres domaines, en particulier des sites web, des situations d’apprentissage, des situations de travail ou des réseaux sociaux. Son objet est d’augmenter l’acceptabilité et l’usage de ces applications en s’appuyant sur la prédisposition humaine au jeu. » En revanche, et c'est l'idée du chercheur, ce qui était créé pour nous aider, se retourne contre nous. Ainsi, Sebastian Deterding se pose cette question loin d’être anodine : « Pourquoi concevons-nous des technologies pour nous accabler ? »
 
Il constate en effet qu’aujourd’hui, « nous sommes dépendants à la distraction que produisent les technologies. Nous vérifions en moyenne 150 fois par jour notre smartphone. » C’est ce qu’Ian Bogost, autre game designer et théoricien des médias, qualifie « d’hypertravail ». Exemple dans lequel beaucoup se reconnaîtront : « nous passons notre temps à gérer les notifications de nos systèmes techniques, à surfer sur le flux constant des sollicitations qui nous accablent. Nous sommes cernés par nos dépendances et notre seul recours consiste à être sommé de nous déconnecter, de battre en retraite, pour mieux les affronter. »

Pourtant, remarque Sebastian Deterding, la plupart du temps, ce sont les mêmes individus qui élaborent « ces systèmes socio-techniques » et qui parallèlement, en souffrent. « La contradiction éthique fondamentale qui est au cœur de l’industrie numérique est que les gens qui souffrent le plus et s’organisent contre cette accélération numérique sont les mêmes que ceux qui en tirent avantage », rapporte Internet Actu. Ainsi, « Nous produisons des systèmes pour perdre notre temps ou l’optimiser, mais pas des systèmes pour vivre par soi-même plutôt que de vivre comme les autres l’attendent de nous, pour travailler moins dur plutôt que pour optimiser notre productivité, pour avoir le courage d’exprimer nos sentiments, pour rester en contact avec nos amis, pour s’autoriser à être plus heureux... »

Nous sommes donc, en pleine contradiction avec nos aspirations profondes. « Nous sommes nos propres voleurs de temps et sommes les premiers concepteurs de ces expériences utilisateurs. Nous créons les formes addictives, ces interfaces qui renforcent nos dépendances. » Une fois que nous le savons, Sebastian Deterding estime que nous devrions être capables de rectifier le tir. Comment ? En imaginant « des technologies pour bien se comporter plus que pour le bien-être. » C’est d’ailleurs l’opinion que Michel Foucault défendait en son temps : « les technologies de soi ne sont rien d’autre que des technologies de domination et du contrôle social. » Il est temps donc, de redonner du sens aux nouvelles technologies.