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Agribashing, un nuisible pour l’économie française ?







26 Octobre 2021

Auteur de « Agribashing, Une violence qui s’ignore », Alexandre Baumann s’est penché sur les tendances d’hygiénisme et d’antispécisme qui impactent le monde agricole. Dans cette interview, il nous donne un état des lieux de l’économie française qui s’essouffle face aux conséquences de l’agribashing.


Malgré les kilomètres de transport, un produit étranger est souvent moins cher que son équivalent français. Serait-il utile de jouer sur les taxes d’importations pour rééquilibrer le marché ?

Au sein de l’Europe, les règles européennes de libre circulation des marchandises sont strictes. Est-ce que le marché européen devrait être moins permissif face aux importations venant de l’extérieur de l’Union Européenne ? C’est une question trop complexe pour que je m’essaie à y répondre, il faudrait connaître les règles de droit international, les relations entre États, etc. On peut néanmoins se questionner sur l’interdiction des OGM, qui n’en finit pas de démontrer son absurdité. De nombreuses études montrent que les OGM BT peuvent réduire l’utilisation de pesticides et à améliorer la rentabilité et la recherche découvre chaque année de nouveaux gènes de résistance aux maladies ou aux événements climatiques extrêmes (des plants résistants à la sécheresse sont d’ailleurs déjà utilisés en Amérique du Sud il me semble).
En outre, une large part de la compétition est européenne. L’agriculture française serait beaucoup plus compétitive si elle avait les mêmes normes que les autres pays européens et n’avait pas besoin de prendre en compte le risque de se voir imposer des normes absurdes.

Interdire l’utilisation de certains produits en France, mais autoriser la vente sur notre territoire d’aliments modifiés ou ayant usé de certains pesticides relève-t-il d’une concurrence déloyale et dangereuse pour les agriculteurs français ?

C’est une évidente distorsion de concurrence. On est vraiment dans la mentalité « Not In My Back Yard » : on pousse des activités qu’on stigmatise, un peu comme si elles étaient « sales », « impures », hors de France. J’ai le sentiment qu’on a déjà fait ça avec l’industrie et qu’il y a, derrière, une sorte de rejet du travail matériel, un peu comme si la France était trop bonne pour cela (je décris une mentalité, en réalité travail « physique » et « intellectuel » se ressemblent beaucoup plus qu’on ne le pense).

S’il n’est pas enrayé, l’agribashing pourrait-il conduire à une augmentation de l’importation et à une baisse de la production française ?

Oui, c’est déjà le cas. Les normes se multiplient et la balance commerciale se dégrade depuis des années. Emmanuelle Ducros et Géraldine Woessner s’en font régulièrement l’écho.
Voici par exemple un fil de E.Ducros : https://twitter.com/emma_ducros/status/1440211691241828354
Agribashing, un nuisible pour l’économie française ?