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Burnout : comment gérer la crise ?







5 Avril 2013

D'après l'Organisation mondiale de la santé, la France (avec les États-Unis et la Hongrie) fait partie du trio de tête des pays à comptabiliser le plus de dépressions liées au travail en 2010. Parmi ces pathologies, on trouve le burnout, état dépressif directement lié au milieu professionnel, ne se cantonne pas à une catégorie professionnelle particulière. Il touche tous les milieux et se caractérise en un syndrome d'épuisement au travail, souvent apprécié comme une situation de surcharge globale. Dès les années 1950, Claude Veil parle de cette notion d'épuisement. Mais c'est en 1974 que le psychothérapeute et psychiatre Herbert Freudenberger conceptualise le phénomène comme un véritable syndrome. Celui de l'épuisement professionnel. Le terme de burnout provient d'une terminologie utilisée pour évoquer certains effets de la toxicomanie, métaphore que Freudenberger reprend pour caractériser ce sentiment d'épuisement, après des efforts considérables restés vains.


Comment définir le burnout : les symptômes.

Burnout : comment gérer la crise ?
Le syndrome se décrit en un processus davantage axé sur une longue période, et donc difficile à reconnaître. Il est paradoxalement initié par une grande motivation et une importante implication de la personne dans son milieu professionnel, c'est lorsque cette volonté et ces efforts ne trouvent pas de rétribution positive que le syndrome commence à se développer.
 
Malgré cela, il n'existe pas de cas précis, ni d'éléments clairement identifiés qui puissent ostensiblement indiquer la venue de ce syndrome. Toutefois trois conséquences peuvent être dégagées. Ce sont : un épuisement émotionnel, une dépersonnalisation pouvant conduire au cynisme à l'égard du travail et enfin une perte totale d'estime de soi. Trois symptômes que l'on peut dégager, mais qui en réalité renferment plusieurs effets qui eux-mêmes peuvent être subdivisés en deux branches distinctes.
 
La première est caractérisée par la présence de symptômes physiques tels qu'un épuisement et/ou une fatigue chronique, des infections diverses, des maux de tête et des insomnies. La seconde concerne l'aspect comportemental (interpersonnel et organisationnel) où l'individu va changer d'attitude, submergé par ses émotions. Des phases récurrentes de colère, d'irritation, d'une incapacité à faire face aux tensions et aux situations inconnues vont se succéder et sont considérées comme des signes précurseurs. Une hyperactivité inefficace, improductive, des stratégies d'évitement et d'autres attitudes négatives notamment vis-à-vis de soi-même suivent, pour céder ensuite la place à de véritables conflits avec les collègues, les proches, parfois prolongés par un absentéisme.

Connaître les causes pour endiguer le syndrome.

Utilisant souvent la métaphore de la bougie qui se consume, les études pointent la nécessité d'avoir été « enflammé » pour l'individu qui subit un burnout. Une surcharge de travail, des horaires longs, des projets ardus, ne sont pas la cause première de ce syndrome. En revanche, ce sont des facteurs aggravants constitutifs d'une disposition plus lourde : l'impossibilité d'utiliser comme elle le souhaite ses compétences pour la personne concernée. Cela la prive du sens que, idéologiquement, le travail est censé procurer.
           
Il est alors possible de dégager quatre éléments fondamentaux participant à l'apparition de ce syndrome. Être dans le cadre d'un stress prolongé et permanent, avoir à un moment plus ou moins long une frénésie d'activité, ajouté à cela une incapacité à s'arrêter de travailler et un manque de reconnaissance en rapport aux attentes personnelles (parfois la reconnaissance est présente, mais l'implication dans cette logique descendante l'occulte). Ici, les professions qui demandent de grandes responsabilités, des objectifs réguliers à atteindre ou une stimulation intellectuelle ou émotionnelle forte sont les plus propices à engendrer des cas de burnout. Il existe un plus grand risque pour les personnes qui s'investissent dans leur vie professionnelle au détriment de leur vie personnelle ou sociale.

Comment gérer le risque, le soigner.

Comme tout risque il convient d'en informer les personnes potentiellement sensibles en procédant par exemple à des campagnes de sensibilisation. Il n'est pas toujours évident de diagnostiquer en amont les symptômes. Aussi un rendez-vous chez un spécialiste peut éviter le pire.
           
Pour répondre à une situation déjà établie, il est possible de détecter les causes de la maladie, au sein de la société, de la structure de travail et chez la personne elle-même (si cette personne est sujette à une pathologie spécifique par exemple). Enfin, la prise en charge médicale est recommandée dès que le cas de burnout est détecté. Si elle est correctement soignée, l'individu sera capable de reprendre le travail, avec toutefois une phase de recouvrement souvent longue qui peut se calcule en terme de mois.
 
Faut-il alors laisser s'exprimer ses émotions, ses sentiments au travail pour éviter tout risque de burnout ? S’il n'y a pas de réponse tranchée à la question, il est néanmoins préférable de montrer la plus grande prudence, particulièrement face à la réaction des personnes présentes. L'expression des sentiments est toujours un sujet sensible et il ne faut certes pas avoir peur de montrer ses émotions, ni de craquer face à une trop grande pression, d'avouer sa faiblesse, etc. Mais il ne faut pas non plus entrer dans une logique de dépréciation permanente, et séparer alors le monde du travail du reste de sa vie peut s'avérer salvateur. Ainsi, il faut savoir se réserver, et pour cela protéger ses sentiments, ses ressentis, sans quoi l'on risque de s'exposer à un retour de critique.