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Ce que la Video on Demand a vraiment changé dans les habitudes des consommateurs.







5 Avril 2013

La VoD ou VàD pour Video on Demand et Vidéo à la Demande constitue le fait de visionner des programmes audiovisuels, dématérialisés, le consommateur choisit ainsi le programme et l'instant auquel il souhaite le visionne. La VoD doit cependant être différenciée des programmes en « catch-up » ou programmes de rattrapage que proposent parfois les chaînes pour visionner les émissions que le téléspectateur aurait pu manquer.


Ce que la Video on Demand a vraiment changé dans les habitudes des consommateurs.
Il est possible de distinguer deux modes de consommation dans la vidéo à la demande. Il peut s'agir soit d'un visionnage sans enregistrement définitif de données : le « streaming », que l'on peut rapprocher d'une location classique, soit d'un téléchargement, permettant un stockage permanent des données. À cela vient s'ajouter le nouveau volet de la VoD, la SvoD ou Subscription Video on Demand, service permettant en contrepartie d'un abonnement un accès à une large gamme de programmes.

Un constat simple s'impose alors : le téléspectateur est passé d'un statut passif à un statut actif, puisqu’outre la chaîne qu'il souhaite visionner, il peut dorénavant choisir son programme. Il n'est donc plus dépendant des programmations et peut se créer la sienne.

Encore considérée comme un outil marketing par de grandes firmes telles que Google (Offre diffusée via Google Play) ou Apple (via iTunes), la VoD est pourtant le produit principal de Netflix, Blinkbox ou encore Lovefilms. Elle tend à s'accroitre, et selon Gilles Fontaine, Directeur général adjoint de l'IDATE (Institut de l'audiovisuel et des télécommunications) « la part des nouveaux services à la demande progressera de 3 % du marché mondial des services vidéo en 2011 à 12 % en 2020 […] le marché mondial des services audiovisuels représentera 355 milliards d'euros en 2020 contre 233 milliards en 2011, soit une croissance annuelle moyenne de 4,7 % »(1). À noter que Canal+ a pour sa part lancé depuis 2011 son service de VoD : CanalPlay VoDavec une offre de consultation de programmes illimitée : CanalPlay Infinity.

Une dématérialisation et une instantanéité des contenus.

S’il est indéniable que les ventes au format DVD sont en baisse continue (-8,9 % en nombre d'unités vendues en France, en 2012, par rapport à l'année précédente), l'achat des Blu-Ray progresse toujours (+12 % en nombre d'unités vendues en France, en 2012, par rapport à l'année précédente)(2) . Mais pour combien de temps cette dynamique sera-t-elle vérifiable ? Les formats physiques de consommation audiovisuels semblent affligés d'une défection progressive de la part des consommateurs et e Blu‑Ray n'échappera sûrement pas à cette tendance. En outre, mis à part un sentiment de possession et de propriété peut-être moindre, les supports dématérialisés ont plusieurs avantages que ne possèdent pas les formats classiques.

Tout d'abord, la vidéo est disponible tout de suite, n'importe quand, n'importe où. Ensuite, le risque de casse et de perte est écarté. Et enfin, l'offre VoD s'étend progressivement et les catalogues s'étoffent de plus en plus fournis. Les technologies évoluant de manière exponentielle, il est raisonnable de penser qu'un catalogue regroupant une majorité des œuvres cinématographiques sera disponible en Vidéo à la demande.

Est-ce que pour autant cela annonce un repli des chaînes traditionnelles ? En réalité, la VoD propose un contenu délinéarisé, c'est-à-dire hors d'une grille de programmation classique que les chaînes de télévision proposent habituellement. Pour l'un, le consommateur est actif, pour l'autre il est passif. Est-ce que cela annonce une perte de la part de marché des chaînes traditionnelles ? Il y a peu de chances si l'on considère que la passivité est une des caractéristiques du média qu'est la télévision. Une autre affirmation de cette constance peut venir de l'intégration progressive des réseaux sociaux dans ou à côté de la sphère télévisuelle. Il existe en effet une interaction entre les communautés virtuelles qui suivent, notent et comment les programmes en direct. Cela constitue un lien au direct, et la participation d'une multitude de personnes regardant un même programme en même temps et au même moment renforce la consommation de programmes que peuvent fournir les chaînes. Enfin, il existera toujours des émissions exclusivement en direct qui capteront l'attention des téléspectateurs, comme c'est le cas pour les retransmissions sportives qui capitalisent toujours sur une audience très forte.

La VoD annonce-t-elle une régression du téléchargement illégal ?

Avec l'introduction de catalogues et d'une qualité de format conséquent, la VoD offre une gamme de produits quasi équivalente à celle du téléchargement illégal, le côté légal en plus. Mais il reste beaucoup de travail avant d'endiguer les actes de piratage. Car, s’il est vrai que des offres comme CanalPlay Infinity proposent une grande avancée dans la manière de consommer la vidéo (consommation en illimité pour 6,99 € par mois), et que les plateformes de téléchargement (pouvant héberger des œuvres soumises au droit de propriété intellectuelle) proposent, elles, des abonnements mensuels pour majorité supérieurs à cette offre, il est toutefois facile de télécharger un fichier sans effectuer de transaction marchande et les débits proposés restent tout à fait raisonnables. En outre, le partage de fichiers comme les fichiers torrents, est relayé par des sites comme le célèbre ThePirateBay, et proposent grâce à une communauté d'internautes conséquente, un catalogue extrêmement diversifié, fourni, et de haute qualité (le format HD et DVD étant les plus communs, le Blu-Ray apparaissant parfois).

En ce sens, les chaînes télévisuelles, les compagnies cinématographiques et toutes les autres entreprises sources de droit de propriété intellectuelle doivent toujours faire face au paradoxe d'Internet : une diffusion plus élevée, mais un risque de désappropriation plus fort. Comme le faisait remarquer la SEVN (Syndicat de l'Édition Vidéo Numérique) : « le piratage d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles, qui reste à un niveau élevé malgré les actions positives de la Hadopi, a continué à avoir un impact très négatif sur le secteur de la vidéo. Cet effet a notamment ralenti la croissance du Blu-ray et de la VOD ».


(1) blog.idate.fr/?p=2806/lang-pref/fr/
(2)     Selon le Syndicat de l'édition vidéo numérique. http://www.sevn.fr/wp-content/uploads/barometre-video-cnc-gfk-le-marche-de-la-video-en-2012.pdf