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Croissance du marché bio en France : le plan Ambition Bio 2017







5 Juin 2013

En France, le marché de l’agriculture biologique a fortement évolué depuis 2007 en passant de presque 550 000 hectares de terres cultivées à un peu plus d’un million. Ce développement, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, souhaite le poursuivre en proposant un plan « Ambition Bio 2017 »(1) visant à garder le même rythme de croissance avec une multiplication par deux des surfaces bio cultivables. Le programme est décliné en six axes.


Un programme pour accompagner les exploitants agricoles

Croissance du marché bio en France : le plan Ambition Bio 2017
Le programme « Ambition Bio 2017 » aura pour vocation de faciliter la période de conversion des exploitations classiques en exploitations bio. En effet, le temps de conversion prévoit une mesure qui peut être un frein à l’engagement dans les produits de l’agriculture biologique, puisqu’il faut trois ans de culture biologique avant que l’agriculteur ne puisse acquérir la certification bio pour ses produits. Ainsi, un des premiers axes de l’initiative est d’augmenter les aides sur la période 2014/2020 de 90 millions d’euros par an à 160 millions. À cela sera ajouté un « portage financier approprié aux producteurs bio en lien avec tous les acteurs financiers, y compris ceux de l’économie solidaire »(2), comme des fonds de garantie ou des bonifications de prêt. L’objectif est de développer en priorité les grandes exploitations de culture, afin de créer une véritable agriculture biologique.
 
Mais l’enjeu est aussi de se placer sur l’axe du développement durable, car la production agricole représente une source importante de pollution et de consommation de ressources naturelles, notamment au niveau des nappes phréatiques. Le gouvernement, et en particulier le ministre de l’Agriculture, souhaite ainsi développer le concept d’agroécologie, concept qui permettra de produire la même quantité de biens agricoles, tout en utilisant moins de ressources et en s’inscrivant ainsi dans la durabilité. À cet égard, « les moyens pour agir en particulier dans les zones où la préservation de la qualité de l’eau constitue un enjeu (zones de captage) sont renforcés »(3).

Conquérir de nouveaux marchés

À côté de ces mesures d’aide aux producteurs, le plan prévoit une promotion de la filière et des produits biologiques à travers un investissement dans la communication et une sensibilisation des consommateurs aux produits issus de la filière. Car le marché bio reste encore un marché de niche en ne représentant que 2,4% du marché alimentaire des ménages, soit 4 milliards d’euros par an. Ainsi, des actions visant à sensibiliser l’ensemble des citoyens seront développées, avec un accent particulier auprès de la jeune population et des élèves des lycées techniques. En partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale, celles-ci seront notamment concrétisées par des activités extrascolaires comme par exemple la visite de fermes agricoles biologiques.
 
Mais le principal effort sera surtout constitué par l’objectif de l’augmentation de la proportion des produits bio dans la préparation des repas de la restauration collective d’État. En termes de volume d’achats, cette part représentait seulement 4% de la totalité des produits. C’est évidemment un levier sur lequel l’État peut jouer plus facilement que sur celui de la consommation particulière.

Le programme bénéficiera de différents suivis

Le plan Ambition Bio 2017 aura un certain nombre d’instances pour concrétiser sa réalisation et sa coordination. Ainsi, au niveau régional, « une instance de concertation et de coordination regroupant l'ensemble des acteurs concernés (de l'amont à l'aval) sera mise en place, copilotée par l’État et la Région », à l’échelon national, c’est « un comité de pilotage [qui] assurera le suivi de ce programme et sa cohérence avec les actions des régions et le futur plan d'actions communautaire. ». Enfin, l’Agence Bio, Agence pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique, « sera confortée dans son rôle de communication et d'information, d’animation, d'observatoire de l'agriculture biologique des producteurs aux consommateurs, ainsi que de contribution à la structuration des filières et au développement des marchés et des dynamiques collectives, de l'amont à l'aval »(4).
 
Comme le précisait le ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, Stéphane Le Foll, l’ambition « est de mettre en place un processus global de développement de l’agriculture biologique. C’est donc d’augmenter la production, et aussi permettre aux produits d’être transformés, ensuite commercialisés et enfin d’être achetés. C’est tout l’enjeu du programme “Ambition Bio 2017” qui ne se limite pas à un objectif de développement des surfaces en bio ». Toutefois l’octroi d’aides supplémentaires et d’une préférence à l’égard des producteurs biologiques ne risque-t-il pas de constituer un facteur clivant dans le monde agricole, voire le ressenti d’une injustice de la part des agriculteurs classiques ? Il faudra pour cela veiller à ne pas rendre cette mesure incitative trop sévère pour les productions traditionnelles.


(1)Une brochure détaillant l’initiative est disponible à l’adresse suivante : http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Programme_Ambition_bio_2017_cle09281b.pdf
(2) Ibidem.
(3) http://agriculture.gouv.fr/ambition-bio-2017
(4) http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Programme_Ambition_bio_2017_cle09281b.pdf