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Guerre en Ukraine : les cryptomonnaies dans les deux camps







21 Mars 2022

En temps de guerre, les cryptomonnaies, à commencer par la plus célèbre d’entre elles, le Bitcoin, peuvent servir de valeur refuge.


Un accélérateur pour les cryptomonnaies

Le Bitcoin, valeur refuge en temps de guerre et de sanctions économiques ? (Crédit : Pixabay)
Le Bitcoin, valeur refuge en temps de guerre et de sanctions économiques ? (Crédit : Pixabay)
Suite à l’invasion de la Russie par l’Ukraine, des sanctions inédites frappent l’économie russe. Oligarques, État et banques voient leurs fonds gelés, tandis que les principales cartes de crédit mondiales ne sont plus utilisables avec un compte bancaire russe. De quoi donner un coup d’accélérateur aux cryptomonnaies ? C’est bien possible, et même des deux côtés du champ de bataille.

En effet, côté ukrainien, tant le gouvernement que des ONG ont pu lever des millions d’euros en ayant recours à ces cryptomonnaies. Dès le début de l’offensive russe, des adresses de portefeuilles avaient d’ailleurs été diffusées sur les réseaux sociaux par les autorités ukrainiennes. Selon les chiffres du cabinet Elliptic, spécialisé dans les blockchains, le camp ukrainien aurait pu récolter 24,6 millions de dollars, en Bitcoins (42%) en Ethers (38%), et en Stable-coins (17%), le plus souvent indexés sur le dollar américain.

Une ère d'échanges décentralisés

Côté russe, avec une économie et une nation au bord du défaut de paiement, le manque de liquidités se fait cruellement sentir. Pour les citoyens russes, le Bitcoin peut être une valeur refuge en attendant un retour à la normale, ou presque, entre la Russie et l’Occident. Le nombre de conversions de roubles en cryptomonnaies n’a jamais été aussi fort : il aurait triplé depuis début mars, selon les analystes de Chainanalysis. Avoir recours aux cryptomonnaies, et notamment au Bitcoin, permet tant de mettre des fonds à l’abri, quels que soient les risques d’évolution des cours à la baisse, que de pouvoir faire face à ses dépenses courantes. L’activité des échanges Rouble-Bitcoin semble s’être fortement concentrée sur la plateforme Binance. À tel point que le ministre ukrainien de la Transformation numérique, Mykhailo Fedorov, avait demandé à ce que les transferts avec les adresses russes soient bloqués. Une demande rejetée par Binance.
 
Le recours aux cryptomonnaies montre d'ores et déjà que l’on ne peut interdire entièrement les transactions en ces temps de blockchain et d’échanges décentralisés. Certes, les capitalisations en Bitcoin ou en Ether sont bien trop faibles pour être en mesure de remplacer les flux de l'économie russe. Toutefois, la plateforme de cryptomonnaie Coinbase, ne voulant pas être utilisée pour contourner les sanctions économiques occidentales, a récemment bloqué 25.000 comptes russes pour « activités illégales ». Qui plus est, l'identité des détenteurs de ces comptes a été communiquée au gouvernement américain afin de « mieux soutenir l'application des sanctions ».