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La difficile adaptation du business modèle de la presse face à Internet







5 Avril 2013

Comment attirer les lecteurs sur Internet ? Telle est la problématique de la presse en ligne face aux nombreuses sollicitations que l'internaute reçoit chaque jour lorsqu'il ouvre une page Web.


Les réseaux sociaux, une fausse voie ?

La difficile adaptation du business modèle de la presse face à Internet
Les réseaux sociaux semblaient représenter un moyen à faible coût d'attirer des lecteurs sur les sites d'actualité en proposant notamment des liens hypertextes redirigeant la personne vers le site du média. Il semble de plus que les communautés de fans des titres d'actualité sont nombreuses (comme pour Le Monde, qui enregistre plus de 250 000 fans sur Facebook) et qu'à partir de ce constat on en déduise qu'il suffit de tirer sur des leviers permettant de créer une agitation autour de citations, articles et publication directs sur les sites sociaux. Il est pourtant difficile de transformer ces communautés en audience réelle. En fait, les réseaux sociaux ne génèrent qu'une très faible partie de la consultation d'articles en ligne. Ce constat est ainsi tout aussi vrai pour Facebook et Twitter que pour d'autres sites jouant sur l'aspect participatif.
 
En réalité, Facebook a été à la base, en février, de 3,3 % des visites de sites liés à l'actualité et Twitter, quant à lui, n'a représenté que 1,1 %. À noter que ces chiffres sont en constante augmentation. Pour Twitter, une étude démontre que le problème vient de ce que la plupart des internautes ne lisent pas forcément les liens qu'ils partagent. Peut-être plus logique que Facebook puisque Twitter a vocation à présenter un contenu sobre et court. Les visiteurs n'ont pas forcément envie de lire des messages longs, mais plutôt de consulter des bribes d'informations, de manière très rapide. De plus, les facteurs qui expliqueraient que l'on tweet seraient différents de ceux qui amènent à retwettter.
 
Mais si plusieurs entraves propres à Twiteer empêchent la consultation d'articles, pourquoi existe-t-il une si grande dissymétrie sur Facebook entre une large communauté comme celle du Monde et la consultation des articles sur leur site dédié ? Cela participe probablement d'une dynamique globale sur les réseaux sociaux, où l'attention est sans cesse perturbée par l'actualisation en continu d'informations diverses et variées. Néanmoins, il existe une réelle demande d'un lectorat qui se situe sur Internet.
 
Quelques solutions peuvent alors être envisagées ? Aux États-Unis, le New York Times a élaboré une stratégie bien définie. Proposer des articles courts et synthétiques sur Internet, qui viennent en complément de ceux édités au format papier. Il y a donc une tactique propre à chaque support. Une seconde solution réside dans le management de la communauté de lecteur, directement sur les sites participatifs, pour nouer un lien plus fort entre les journalistes et les consommateurs d'articles.
 
Si de manière globale, les sites communautaires semblent concourir à l'impasse dans laquelle se trouvent les médias, le cas de Google est tout autre.

La reconnaissance d'une dépendance. Des tentatives pour combler les recettes.

Il est impossible d'éviter Google aujourd'hui lorsqu'on possède un site d'actualité en ligne. Le moteur de recherche reste la porte d'entrée obligée avec 40,2 % des visites pour la consultation d'articles d'actualité au mois de février 2013.
 
Cette importance de l'outil de recherche dans les consultations d'articles sur Internet joue forcément sur les recettes qui lui sont associées. Ainsi, au mois d'octobre 2012, François Hollande annonce que des mesures doivent être prises avec le géant américain en vue d'obtenir une rétribution conséquente à la logique selon laquelle, faisant circuler des liens vers des sites de presse (spécialement à travers son outil Google Actualités), Google devrait participer au financement de ces derniers.
 
En février dernier, le moteur de recherche concède une enveloppe de 60 millions pour aider les médias français à passer le cap du numérique. Et si les commentaires positifs ont été nombreux, d'autres observateurs s'inquiètent, estimant que cette mesure est une goutte d'eau dans l'océan.
 
Déjà sanctionné par la justice américaine pour son outil Google Books et le non-respect des droits d'auteur, Google continue dans l'application de sa doctrine et la diffusion d'un plus grand nombre de données, gratuitement, pour tous. Est-ce un bien, est-ce un mal ? Faut-il à tout prix prôner la concurrence française ? Quelles solutions pour la presse face au numérique ? L'essor des tablettes tactiles peut être un avantage qu'il s'agira de saisir. Mais la réalité est que les évolutions se font par à-coups et qu'il est très difficile de prévoir une stratégie qui permettrait à coup sûr de réussir sur le Net.