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Le Parti Socialiste, c’est fini !







11 Avril 2022

Comme l’avait annoncé le baron du Parti Socialiste « Le pronostic vital de la gauche est engagée, elle ne sera pas qualifiée au deuxième tour ». Malgré ce réalisme, Jean-Christophe Cambadélis est sans doute entrain de revivre les élections de 2017… Cependant, cette année il savait : la gauche était trop divisée, datée, radicalisée…
Redécouvrez la réaction de Jean-Christophe Cambadélis lors des élections présidentielles et législatives de 2017 extrait de son dernier livre « Hier, aujourd’hui et demain » (VA Éditions).


"Tout a changé [...]. La gauche, non ! Son impression rétinienne reste celle des années 70 avec des concepts forgés dans les années 60. Elle ne s’est toujours par remise de l’éclatement du bipartisme à la suite de la victoire d’Emmanuel Macron en 2017, bipartisme qui avait déjà été mis à mal par le Front national et Jean-Luc Mélenchon.
 
[...]

Marcher, se remettre à marcher, c’est bien la question posée ce 18 juin 2017. Pas seulement au nom d’une mémoire ou d’une histoire de femmes et d’hommes ayant marqué le destin de la France, l’ayant en grande partie transformée, ce que l’on aurait tendance à oublier, mais pour intervenir dans ce moment que je crois historique que nous traversons, celui des crises conjointes, économiques, sociales, climatiques, stratégiques, comme aucune génération de gauche n’en a vécu auparavant.
 
C’est précisément à ce moment-là, dans Solférino vide, que je m’aperçois que personne ne m’a appelé. Un SMS de Manuel Valls, qui va quitter le Parti Socialiste quelques jours plus tard, rend hommage à l’élégance de mon intervention à la télévision. : « Tu as été digne. Comme toujours ». Un mail de Jean Auroux me propose ses services. Rien d’autre. Aucun de ceux qui ont fait le Parti Socialiste et que le Parti Socialiste a faits ne semble s’inquiéter de ce qui va advenir. Je quitte Solférino vers 22 heures. Quelques amis sont passés. Les mêmes à qui je disais un mois plus tôt, au soir de la présidentielle, en attendant l’intervention de Jean-Luc Mélenchon, sonnés que nous étions par les maigres 6,36 % de Benoît Hamon : « Il détient entre ses mains l’avenir du Parti Socialiste ». Mais quand je l’entends déclarer qu’il refuse de s’engager dans l’unité de la gauche, ce qui aurait modifié son histoire, et qu’il maintient son orientation populiste de gauche, j’ajoute : « Ça va être long et difficile, mais il vient de nous sauver, car une alliance avec lui aurait définitivement brisé le PS entre ceux déjà nombreux qui courent se réfugier chez Macron et ceux qui imaginent sauver leur siège de député en s’alliant avec la France Insoumise. »
 
***
 
Redescendant enfin dans le hall, je constate qu’il y a peu de journalistes, quasiment pas de médias. François Hollande me joindra après minuit.... Le lendemain, Louis Mermaz me dit quelques mots amicaux et termine ainsi : « On en a connu d’autres ». Puis Louis Mexandeau, volubile, me conte l’histoire de la SFIO et conclue : « Ne lâche rien et, surtout, ne vend pas Solférino. ». Sinon, rien. Il va me falloir assumer seul le passage de témoin et l’indépendance financière du PS, la vente de Solférino, la réduction du nombre de permanents à Paris et en province. Bref, gérer le reflux en bon ordre pour rouvrir un cycle."

Jean-Christophe Cambadélis vient de publier "Hier, aujourd'hui et demain" (VA Éditions)
Découvrez son interview exclusive.