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Liste communautaire de médecins : les « anciens » contre, les « jeunes » pour







13 Août 2020

Le monde de la médecine française se présente comme divisé en ce début de mois d’août 2020 après la découverte et la diffusion de listes de médecins qualifiées de « communautaires » sur Internet. Si l’Ordre des médecins est contre, les jeunes médecins y seraient favorables.


Pourquoi des internautes ont-ils fait des listes de médecins ?

Pixabay/DarkoStojanovic
Pixabay/DarkoStojanovic
C’est une pratique bien plus courante qu’on ne le croit, surtout chez les minorités : des praticiens conseillés (ou déconseillés) par des internautes à d’autres internautes du fait de leurs positions. Ainsi, il est courant de voir, dans le monde LGBT, des avis sur des médecins favorables à l’homosexualité ou la transidentité, chez les féministes des avis sur des gynécologues ouverts à la pilule ou l’avortement, chez des minorités ethniques des avis sur des médecins qui ne seraient pas racistes.

Pour les patients concernés, c’est la garantie d’avoir un avis médical plus objectif qui n’irait pas à l’encontre de ses attentes ou de ses opinions, tout en étant professionnel. La garantie, aussi, de pouvoir consulter en toute sécurité sans risquer des remarques déplacées. Mais certains ne sont pas de cet avis.

La Licra s’en mêle, les médecins très divisés

C’est la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) qui a lancé la polémique : dans un tweet daté du 2 août 2020, elle dénonce le fait de « choisir son médecin en fonction de la couleur de son épiderme » après avoir identifié, partagée sur Twitter, une liste de gynécologues noirs. À mesure que la polémique a enflé, les médecins français ont pris position.

Tandis que sur Internet se multipliaient les témoignages d’attitudes racistes ou homophobes de certains praticiens, l’Ordre des Médecins et l’Ordre des infirmiers ont publié un communiqué le 11 août 2020 dénonçant ces « annuaires ». Mais tous ne sont pas de cet avis : ainsi, Benoît Blaes, président du syndicat des jeunes médecins généralistes, a pris position en faveur de « toutes les initiatives extérieures » visant à « avancer sur le problème du racisme en santé » et des discriminations en général.

Néanmoins, l’Ordre des médecins veut aller plus loin et saisir le ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran, ainsi que la CNIL. Mais les internautes qui participent à ces listes ou qui donnent des conseils à d’autres internautes sont unanimes : ces pratiques existent depuis longtemps dans certains milieux et continueront.