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Prix des lunettes : comment ne plus se faire avoir ?







20 Novembre 2015

Des lunettes sous le sapin ? Cette idée ne paraît pas si incongrue aux porteurs de lunettes ou parents d’enfants qui en sont équipés. Ces derniers seraient bien tentés d’ajouter une monture sur la liste de cadeaux au Père Noël. Il faut dire que ce produit de santé bat tous les records de prix. Et le porte-monnaie ne suit pas toujours. En effet, les Français réfléchissent à deux fois avant d’acheter ou de renouveler leurs équipements pourtant indispensables à leur santé. Comment donc faire baisser la facture ? Quelques pistes de réponse.


Les lunettes les plus chères d’Europe

crédit: pdpics.com
crédit: pdpics.com
470 euros. C’est le prix en moyenne d’une paire de lunettes selon l’étude réalisée par l’UFC Que Choisir. Une facture souvent douloureuse, surtout pour les Français qui ont besoin de verres progressifs ou de verres spéciaux, adaptés à une pathologie rare. Le « budget lunettes » des français est d’ailleurs le plus élevé d’Europe, note l’association de consommateurs.

Certes, les Français ne font pas les mêmes arbitrages que leurs voisins et ne lésinent pas sur la qualité, notamment pour les verres qui constituent le plus gros de la facture (environ 300 euros pour des verres classiques et 590 euros pour des verres progressifs). Verres amincis, antireflets ou haut de gamme, les options sont nombreuses…et coûteuses ! D’ailleurs, « choisir des verres très performants n’est pas toujours mieux. Ainsi des verres progressifs haut de gamme donnent une meilleure acuité de près, mais ils ne conviendront pas à un chauffeur de poids lourd, lequel a besoin d’une grande zone dédiée à la vision de loin », explique le Dr Xavier Subirana, ophtalmologiste.

De plus, pour chaque paire de lunettes il faut compter environ 77 euros de TVA ainsi que la marge des opticiens. Sujet assez houleux pour ces derniers qui mettent en avant leur activité de conseil, les ajustements des montures ainsi que les opérations de finition des verres qui seraient coûteuses. Alors les lunettes seraient-elles devenues un produit de luxe ? Il s’agit pourtant d’un produit de santé incontournable pour deux Français sur trois. Or, plus de 15% des Français renoncent aux soins faute de moyens, parmi lesquels les appareils optiques sont souvent les premiers sacrifiés (avec les soins dentaires). Car les remboursements sont rarement à la hauteur.

Quel remboursement ?

Le remboursement des équipements optiques est pris en charge par la Sécurité Sociale. Mais mieux vaut ne pas trop compter sur cette « aide ». En effet, les taux qui varient en fonction de la correction, sont dérisoires :   la monture de lunettes est remboursée à 60 % sur la base d'un tarif fixé à 30,49 euros. Idem pour les verres, les remboursements ne volent pas haut : le patient touche de 12 à 66 euros selon le degré de correction pour les moins de 18 ans  et de 2 à 25 euros selon le degré de correction, pour les plus de 18 ans (chiffres consultables sur le site de la Sécurité Sociale). Les lunettes sont donc presque totalement à charge du patient.

Reste la complémentaire santé qui, comme son nom l’indique, est là pour compléter le remboursement et ainsi faire baisser le reste à charge du patient. Ces organismes complémentaires financent près de trois quarts des dépenses d’optique. Et force est de constater que plus les mutuelles remboursent, plus les prix explosent. Un cercle vicieux qui a d’ailleurs poussé les pouvoir publics à plafonner le remboursement au printemps dernier. Ainsi, la réforme des contrats responsables pour les mutuelles limite à 470 euros la prise en charge des lunettes à verres simples, monture comprise. Ce plafond peut monter jusqu’à 750 euros pour les lunettes à verres complexes et jusqu’à 850 euros pour les verres très complexes. Si vous avez des dépenses optiques à faire dans les prochains mois, n’hésitez donc pas à vérifier ces plafonds avec votre mutuelle.

Quelques précautions à prendre

Autre conseil : faire des devis auprès des opticiens. C’est ce qui ressort du précieux témoignage de Catherine interrogée par La Charente Libre. « Pour une fois, j’ai pris le temps de faire une étude comparative des prix.» Après avoir fait le tour des opticiens, elle constate avec stupeur la disparité des prix. Pour des verres et des lunettes de même gamme, la somme restant à sa charge variait de 40 euros à 366 euros ! Aussi, les Français sont invités à mettre en concurrence différentes offres, voire à négocier le tarif de sa monture. Il est vrai que les Français ne sont pas toujours  à l’aise avec cette idée, d’autant qu’il est question d’un produit de santé. Pourtant de sérieuses économies peuvent être réalisées.

Face à une situation pour le moins, confuse, il n’est donc pas étonnant d’observer que six Français sur dix se déclarent prêts à être orientés par leur complémentaire santé vers des opticiens agréés. En effet, le conventionnement avec un réseau de soin est une solution permettant d’acquérir un équipement de qualité à moindre frais. Dans son étude, l’UFC Que Choisir en appelait d’ailleurs à la généralisation des réseaux de soins en optique. Ces derniers, souvent peu connus du grand public, servent d’intermédiaires entre l’opticien et les complémentaires santé. Ils mettent ainsi  en  œuvre  des  politiques  de  négociation  avec les  opticiens afin d’ obtenir  des  baisses  de  prix entre 20 et 40 % pour  leurs  assurés et parfois même plus, comme l’explique Jean-François Tripodi, le Directeur Général de Carte Blanche Partenaires. « L’objectif est de délivrer à nos bénéficiaires des offres de qualité ‘Sans Reste à Charge’ pour tout niveau de garantie » précise le dirigeant du réseau de soins, ouvert aux adhérents de nombreuses complémentaires santé telles qu’Aviva, Generali et Swiss Life ou encore des banquassureurs comme le Crédit Agricole et la Société Générale par exemple. Carte Blanche Partenaires a d’ailleurs récemment lancé une offre baptisée « Prysme » , destinée aux opticiens et qui propose des lunettes complètes : montures et verres avec 100% de prise en charge. Le patient n’a donc rien à débourser s’il choisit une paire contenue dans l’offre du réseau de soins. Aussi, n’hésitez pas à demander à votre mutuelle la liste des opticiens affiliés et fuyez ceux qui ne le sont pas ! Par ailleurs, si vous êtes à la recherche d’une complémentaire santé, dirigez-vous de préférence vers une mutuelle proposant les services d'un réseau de soins.

Autre piste, pour limiter la facture : choisir une monture distributeur. Ces dernières ne riment pas avec monture low cost, puisqu’elles sont fabriquées dans les mêmes usines que les grandes marques. « La seule différence, c'est qu'en échange de volumes d'achats importants, les fabricants acceptent de baisser les prix et d'apposer la marque du distributeur sur les verres et la monture. En moyenne, les verres coûtent 20% moins chers que les verres classiques et pour les montures, le rabais peut aller jusqu'à 50% », précise Maroussia Renard. Preuve qu’en matière de lunettes, mieux vaut garder l’œil bien ouvert !