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« Society » et Dupont de Ligonnès, est-ce vraiment une bonne nouvelle pour le journalisme ?



Journaliste pour VA Press. En savoir plus sur cet auteur




11 Août 2020

Alors que le magazine Society a écoulé 280 000 exemplaires de ces deux numéros su Xavier Dupont de Ligonnès. Mais alors que ce succès est présenté comme un succès du journalisme, ce pourrait bien être celui, une fois de plus, de la curiosité morbide.


Creative Commons - Pixabay
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Des scoops sur une sujet très populaire. Voilà la promesse de la rédaction de Society concernant les deux numéros sur l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès. Mais si l’on peut comprendre la curiosité publique concernant la réalité de la fuite de l’homme, peut-on vraiment se réjouir de voir que pour qu’un travail de journaliste soit un succès, il doit parler d’affaires sentimentales ou privées d’un présumé tueur en série ? 

« « L’impression d’avoir gagné au loto quelque part à Lille. Merci de ne pas me déranger cet après-midi… », s’est enthousiasmé Cédric Pueyo, en filmant deux étagères d’un kiosquier généreusement garni des deux numéros de la fameuse enquête longue de 77 pages. Dès vendredi, des milliers de kiosques partout en France étaient en rupture de stock, après la ruée qui a accompagné la sortie du premier volet. Cet engouement dépasse tout ce que Franck Annese, le fondateur de Society, avait imaginé. « C’est la folie sur Twitter, sur Instagram. On assure le community management nous-mêmes. On n’arrête pas ! », s’étonne encore le journaliste, qui a laissé son numéro de portable sur Twitter afin que les kiosquiers puissent le joindre directement » écrit par exemple Le Monde.

A l’image du reste de la couverture médiatique, le quotidien s’est enthousiasmé des 130 000 et 150 000 exemplaires qui ont été vendus pour les deux numéros spéciaux. Finalement, l’enthousiasme autour de ce succès démontre que le journalisme est pour beaucoup un secteur de plus. Plutôt que la vision noble du métier, contre-pouvoir ou journalisme d’intérêt général, ce journalisme est celui qui cherche un public et voit dans ce succès une démonstration implacable de réussite. 

Car dans le traitement de Society on peine à trouver ce qui est d’intérêt général. Ni le rôle de la justice, de de la police ou des institutions mais des aspects de la vie privée de Dupont de Ligonnès : « Si en apparence, l’affaire est couverte par de nombreux journalistes, la petite équipe trouve rapidement des éléments inédits sans avoir à chercher bien loin. Elle se rend compte que Bruno de Stabenrath, présenté par les médias comme un proche de Xavier Dupont de Ligonnès, n’est qu’une connaissance. Qu’Emmanuel Teneur, lui, est bien plus qu’un simple ami. Et surtout que Xavier cache de nombreux secrets » ajoute Le Monde.