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Solar Impulse : l’avion solaire, un défi technologique aux contours écologiques.







6 Mai 2013

Ce vendredi 3 mai, l’avion solaire suisse Solar Impulse a décollé de San Francisco en direction de Pheonix, où il devrait arriver après un vol de 19 heures. L’objectif est de traverser les États-Unis d’Ouest en Est.


Le défi américain : la mission « Across America »

Crédit photo : Matth1
Crédit photo : Matth1
Il était arrivé par les airs, dans un Boeing 747 en février dernier. L’appareil qui vole exclusivement à l’aide d’énergie solaire produite grâce à des panneaux photovoltaïques placés sur son fuselage doit maintenant rejoindre New-York en juillet après cinq escales organisées sur le territoire américain. L’énergie nécessaire au vol est distribuée à l’aide de quatre moteurs électriques à hélices, d’une puissance de 10 chevaux chacun et permettant à l’avion de voler à une vitesse de 70 km/h. Après plusieurs vols d’essai, l’appareil va donc effectuer cinq escales, de mai à juillet. La première étape était Phoenix, la seconde sera divisée en plusieurs : Dallas-Fort Worth, Atlanta, Nashville ou encore St Louis. Puis il redécollera en direction de l’aéroport de Dulles près de Washnigton DC vers mi-juin. Ce n’est qu’en juillet qu’il rejoindra sa destination finale l’aéroport J.F. Kennedy à New-York.
 
Le périple ne se fera pourtant pas de manière confortable, car un seul pilote peut prendre place dans le cockpit et les conditions rudimentaires de la cabine rendent le pilotage difficile. Avec ces contraintes, les protagonistes de l’aventure, Bertrand Piccard et André Borschberg ne pourront rester aux commandes plus de 24 heures avant d’être remplacés.
 

Des précédents concluants

Pour autant, ces conditions à bord ne doivent pas venir ternir l’image innovante du vol. De plus, ce n’est pas le premier essai de vol pour cet avion d’une nouvelle génération. D’un poids de 1 600 kilos et d’une envergure de 63,4 mètres (une envergure comparable à un Boeing 747) il a volé pour la première fois en 2009 et avait déjà, en 2010, effectué un vol de 26 heures afin de démontrer que l’énergie qu’il stockait dans ses batteries le jour, suffisait à le faire voler la nuit. En 2011 il a réalisé son premier vol international entre la France et la Belgique, et intercontinental entre l’Espagne et le Maroc en 2012. Cet avion a fait depuis mars, de nombreux vols d’essais aux États unis pour se confronter aux conditions réelles et évaluer sa capacité de vol.

Un enjeu prospectif

L’objectif est de faire valoir la technologie utilisée par l’aéronef. Équipées de près de 12 000 cellules photovoltaïques réparties sur ses ailes, celles-ci permettent de charger une batterie au lithium de 400 kilos nécessaire à l'alimentation des quatre moteurs électriques à hélice de 10 chevaux chacun. La batterie peut emmagasiner assez d’énergie pour permettre à l’avion de voler de jour comme de nuit. Mais le défi technique est accompagné d’un défi de communication, car voler dans un pays où le secteur de l’aviation est important, c’est avant tout développer un avantage pour le projet, une promotion sans égal. Déjà les étapes permettront de présenter Solar Impulse à des hommes politiques, des industriels, des professeurs et des élèves d’universités, des entreprises innovantes. Cet avion est en réalité un agrégat d’innovations technologiques et des sociétés aussi diverses que Dassault, Oméga ou Schindler ont participé à l’élaboration de l’aéronef. Ainsi, le but est bien plus élevé qu’une simple démonstration. Il s’agit bien de chercher des partenaires, des acquéreurs d’une technologie qui n’est pas simplement destinée au secteur aéronautique. L’investissement de 2,5 millions dans le périple américain n’est donc pas une pure perte. En plus de cela, Bertrand Piccard voit l’encombrement de l’espace aérien américain comme un enjeu afin de tester les capacités de l’avion : « Nous devions nous entraîner pour préparer notre tour du monde en 2015. Et nous ne pouvions rêver de mieux que les États-Unis pour ce faire ».
 
Par ailleurs, un second prototype est en cours d’élaboration à Dübendorf en Suisse. L’assemblage doit être réalisé sous peu et les tests opérationnels commenceront dès 2014. En outre, fin mars 2015, les deux Suisses Bertrand Piccard et André Borschberg devraient réaliser un tour du monde, ce qui laisse rêveur quant aux possibilités de déplacement qu’offre un tel avion. Pourquoi ne pas songer à des transports aériens totalement neutres concernant les rejets de gaz à effet de serre, couplés à une indépendance énergétique fabuleuse ? Ce qui induirait des déplacements illimités et sans besoin d’escale afin de s’approvisionner. Une grande voie est ouverte avec cette innovation.