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Canons esthétiques : l'homme à travers les âges







19 Mars 2013

Qu’est-ce qu’un bel homme ? À vrai dire, cette question connaît plusieurs réponses. Car l’idée de beauté est étroitement liée à la culture. Elle évolue donc avec le temps. Elle change également selon l’endroit considéré. De l’antiquité à nos jours, les critères de définition de la beauté sont ainsi allés de révolution en révolution.


Crédit photo : David Gaya
Crédit photo : David Gaya
Le canon de beauté masculin peut être résumé à un ensemble d’éléments physique dont la réunion caractérise l’homme parfait. Le corps dont les mensurations respectent les proportions du canon esthétique de son temps sera en principe reconnu comme beau par ses contemporains. Toutefois, les standards esthétiques ne sont pas figés : l’homme idéal n’est pas le même en France qu’en Chine !
 
On peut retracer l’évolution du canon de beauté masculin en Europe. À cet effet, pourquoi ne pas remonter jusqu’à l’Antiquité ? Des premières représentations archaïques de l’homme à l’Apollon classique, les sculpteurs de l’Antiquité ont fréquemment doté leurs projections de la masculinité d’attributs reconnaissables. Athlétique, l’homme est bien souvent représenté debout, pour mieux exposer son corps jeune et musculeux.
 
Jusqu’à la Renaissance, cette esthétique de la jeunesse athlétique fait des émules. Au paroxysme de la glorification de ce canon de beauté, le David de Michel-Ange en donne une vision qui frise avec l’irréel. Là encore, David est jeune, et son corps particulièrement athlétique véhicule une impression de puissance. Martial, il est armé de sa fronde et s’apprête à affronter le géant Goliath. Sa pose traduit la tension et l’imminence de son geste d’attaque ; un trait que Michel-Ange accentue en grossissant légèrement la proportion des mains par rapport au reste du corps afin de leur donner plus de force.
 
Plus tard, une esthétique nouvelle se développe au sein des cours européennes et notamment en France. L’habit devient une pièce centrale de la beauté masculine. L’apparat prend alors une importance prépondérante comme en témoignent les représentations des figures royales telles que Louis XIV. Maquillage, perruque, habits d’apparat deviennent ainsi les attributs de la beauté au masculin.
 
Le dandysme qui fait son apparition au XIXe siècle est une version visuellement édulcorée du précédent standard aristocratique. La puissance masculine fait alors une place à la délicatesse et à l’élégance au sein du canon de beauté masculin. Le dandy est un homme qui prend soin de lui, à l’excès parfois, ce qui n’est pas sans susciter une certaine moquerie. Non sans un brin d’autodérision, Charles Baudelaire ne disait-il pas : « le dandy doit aspirer à être sublime sans interruption, il doit vivre et dormir devant un miroir ».
 
Le canon de beauté de l’époque contemporaine est en revanche plus délicat à cerner. Il est à la fois l’héritier direct de ses prédécesseurs et un standard bien plus large et permissif. Les corps athlétiques figurent ainsi toujours parmi les plus représentés et la cosmétique masculine n’a en toute vraisemblance jamais été aussi répandue, mais les codes esthétiques du dandysme se sont considérablement relâchés pour laisser place à des styles plus négligés, ou plus excentriques. Signe que la virilité n’est plus l’unique élément constitutif du canon de beauté masculin, les standards tendent à rapprocher les sexes.
 
Du Johnny Depp élégant et androgyne, au Sebastien Chabal bestial et protecteur, la figure de l’homme est aujourd’hui plus riche qu’elle ne l’a jamais été. La beauté masculine est donc plus culturelle, moins absolue qu’elle a pu l’être par le passé. En somme, l’esthétisme s’est démocratisé.