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Quand les vacances font disjoncter







25 Juillet 2014

Syndrome de Jérusalem, syndrome indien, syndrome de Stendhal… Les vacances peuvent parfois tourner au cauchemar. Petit tour d’horizon des pathologies les plus connues, et parfois, les plus extrêmes.


Jérusalem
Jérusalem
Il y a les problèmes light, les moustiques, les aoûtas, les coups de soleil, la tourista, les méduses... Mais il y a aussi plus grave. Des pathologies directement induites par le voyage lui-même. Plus précisément, par sa destination. Il arrive, lors de migrations estivales ou n’importe quand au cours de l’année, que des médecins reçoivent des patients qui ont disjoncté à l’autre bout du monde, sans avoir jamais souffert de troubles psychiatriques par le passé. Dans ces cas là, le voyage devient pathogène, c’est à dire qu’il peut déclencher des maladies. Le plus souvent, un rapatriement en urgence s’impose.

Certains lieux sont plus propices que d’autres. Ainsi, Jérusalem peut particulièrement toucher les voyageurs. La ville sainte a même son syndrome, le bien nommé Syndrome de Jérusalem. De quoi s’agit-il ? Cette ville chargée d’histoire peut en effet déclencher des épisodes psychotiques sévères chez certains visiteurs. Des voyageurs ressentent alors, plus fortement que d’autres, le poids émotionnel généré par la ville. «Portées par une recherche mystique, les personnes partent dans un trip d’identification au Christ», explique le psychiatre Régis Airault à 20 Minutes.fr, à qui l’on doit l’excellent - et hilarant - livre, Fous de l’Inde, délires d’occidentaux et sentiment océanique (Payot).

L’Inde justement, où est installé Régis Airault, est bien connue pour ses cas de décompensation. Année après année, le psychiatre a vu passer de nombreux occidentaux victimes de délires. Certains Européens, une fois arrivés en Inde, ne peuvent pas supporter le choc culturel, trop important, et trop différent de ce qu'ils avaient imaginé. Pour la faire courte, ils perdent leurs repères et disjonctent littéralement, sujets aux délires. Régis Airault cite en exemple, un voyageur occidental pris d’hallucinations. Il a alors décidé de quitter le pays à la nage, «pour rejoindre ses parents». Si pendant longtemps la prise de drogues a été suspectée, les psychiatres ont rapidement mis en lumière un phénomène qu’ils appellent le «déformatage» de la personnalité. Une prise en charge psychiatrique s'impose alors.

Sans aller au bout de la planète, le Syndrome de Stendhal touche des voyageurs qui perdent pied devant la foultitude d’œuvres d’art, et leurs beautés, notamment à Florence. La ville italienne compte son lot, plus important que la moyenne, de visiteurs exaltés. Paris, considérée par beaucoup comme la plus belle ville du monde, a aussi son syndrome, le Syndrome de Paris. Il touche essentiellement des voyageurs japonais. Avant d’arriver sur place, ils ont idéalisé la ville comme romantique et folklorique. Certains ne supportent tout simplement pas la réalité, le métro aux heures de pointe, les embouteillages, les gens survoltés, l'agressivité.
 
Sur une île, certains voyageurs peuvent également ressentir un mal-être qui peut aller jusqu’à la dépression. Cela s’appelle le Syndrome insulaire. La plupart du temps, il est associé à un sentiment d‘enferment chez les personnes qui ont fantasmé le dépaysement et l'exotisme de l'île. Ils peuvent vaciller devant le climat, l’éloignement ou encore, l’ennui. Ceci dit, ces symptômes ne touchent pas tous les voyageurs. Une infime partie d’entre eux est susceptible de développer de tels troubles. Du coup, on part tranquille. Attention toutefois aux destinations mystiques comme Jérusalem ou l’Inde.

Régis Airault Fous de l’Inde, délires d’occidentaux et sentiment océanique, Régis Airault, (Ed. Payot).

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