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Marketing et sites de rencontres: comment aime-t-on virtuellement ?







13 Juin 2013

Selon une étude Ifop , les rencontres en ligne « constituent une pratique de moins en moins tabou », pratique qui va de pair avec un accroissement de la virtualité des interactions sociales. Ainsi, 40 % des personnes interrogées « sont disposées à faire appel à un site de rencontre » en 2012. Les hommes sont toutefois davantage enclins à ce type d’échange puisque 47 % d’entre eux (contre 33 % pour les femmes) pourraient avoir recours à cette solution.


Une évolution des mœurs

Logo Adopte un Mec - Capture d'écran
Logo Adopte un Mec - Capture d'écran
C’est donc avant tout grâce à une démocratisation des relations virtuelles que les sites de rencontres en ligne ont connu cette évolution depuis une dizaine d’années. Ainsi, la « fréquentation des sites de rencontre s’est largement banalisée au cours des dix dernières années. [La] proportion de Français s’étant déjà connectés à un site est passée de 11 % en 2006 à 20 % en 2010 pour s’élever […] en 2012 à 24 % ». En outre, au public célibataire historique de ces nouvelles agences matrimoniales s’ajoute aujourd’hui une seconde catégorie d’utilisateur : les hommes et les femmes en couple. Les mœurs évoluent, mais les techniques de marketing se perfectionnent également beaucoup.

Le ciblage marketing : les sites communautaires

Gleeden.com s’est par exemple spécialisé dans les rencontres extraconjugales. Ainsi le site propose-t-il une « parenthèse infidèle et confidentielle » aux « femmes mariées recherchant l'aventure ou homme marié en quête d'une rencontre extraconjugale ». En outre, la politique de la plateforme de rencontres promeut une confidentialité des profils pour une navigation discrète et des actualités sur l’adultère qui se veulent d’ordre pratique, avec des articles d’avocats, de psychologues et d’autres spécialistes des questions extraconjugales. Ce type de rubriques liées à la thématique du site n’est toutefois pas propre à ce dernier. D’autres proposent des pages et des articles de ce type afin de renforcer l’aspect communautaire de leur plateforme.
 
C’est le cas pour eDarling.com qui propose ce type de services. Une composante de la stratégie intéressante pour ces sites, qui développent une réelle synergie communautaire. Parallèlement, on peut remarquer de manière plus classique la progression des sites de rencontres spécialisées entre membres d’une même confession, d’une même profession, ou d’une même classe sociale pour ne citer que ces exemples. Cette politique est davantage adoptée pour cibler directement la clientèle et se positionner sur des marchés de niche. C’est aussi la concrétisation du matchmaking, la mise en relation de deux individus par leurs affinités respectives. Au-delà de ces mises en relation, certaines plateformes de rencontres sont désireuses de se donner une image nouvelle, bien loin des agences matrimoniales et des simples lieux de rencontres.

Une communication alternative par l’humour : l’exemple d’adopteunmec.com

L’idée d’adopteunmec.com a été de développer une plateforme à destination des femmes, qui trop souvent se sentent débordées de messages et d’invitations. Ici, ce sont elles qui décident des rencontres, et grâce à un concept décalé, elles font leur « shopping » en remplissant leur panier de « mecs ». Bien entendu, les hommes peuvent répondre, demander des invitations aux personnes du genre féminin. Mais l’accent reste en faveur des femmes pour qui l’inscription est restée gratuite alors que les hommes doivent payer une inscription afin de bénéficier de l’entièreté des droits d’accès.
 
Un effort marketing a par ailleurs été fait sur l’image du site, visant à se départir de son image de plateforme de flirt en se donnant une figure de réseau social. Sa page Facebook regroupe ainsi 173 000 fans et le « Lab » (une annexe du site principal sous forme de blog dont les articles sont dédiés à la communauté féminine) regroupe 1 million de visiteurs uniques par mois. En outre, la gestion du site restant principalement assurée par les salariés en interne (ainsi que la gestion des événements), le coût de fonctionnement reste donc très bas. Aussi, adopteunmec.com a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 9,4 millions d’euros, soit +235,7 % par rapport au chiffre de 2011 et +35 % du nombre d’abonnés.
 
Néanmoins, les rencontres sur Internet restent un sujet sensible lorsqu’il s’agit de relation de longue durée. Comme le rappelle l’étude de l’Ifop, « s’ils avaient une relation avec une personne rencontrée sur un site de rencontre, moins de la moitié des Français (46 %) diraient facilement à leur entourage qu’ils l’ont connu par ce biais. Les autres le diraient soit “difficilement” (36 %), soit le cacherait totalement à leur entourage (18 %) ». Bien qu’ils ont gagné en popularité, les sites de rencontre ne sont donc pas encore une évidence pour une partie significative de la population et des usagers.