Les derniers chiffres publiés par la Fédération Nationale de l’Habillement confirment une tendance inquiétante : les consommateurs continuent de se détourner des commerces indépendants. Selon le baromètre de mars 2025, les achats reculent nettement, plombés par une météo peu engageante, des cycles de promotions désynchronisés et la pression constante de la fast-fashion.
Retour de la crise pour les commerçants indépendants
D’après le baromètre mensuel publié le 8 avril 2025 par la Fédération Nationale de l’Habillement (FNH), 67 % des commerçants indépendants de prêt-à-porter ont vu leur chiffre d’affaires baisser en mars, avec une moyenne de –8,1 % par rapport à la même période en 2024. Un recul d’autant plus marquant que mars 2024 avait enregistré une hausse de 7,6 % sur un an, laissant entrevoir, à l’époque, un possible rebond du secteur.
Dans le détail, toutes les catégories de produits sont touchées. La mode mixte recule de 11 %, la mode masculine de 8 %, et les univers femme, enfant, lingerie et linge de maison de 5 %. Certaines régions affichent des baisses encore plus importantes que la moyenne nationale, notamment La Réunion (–24 %), la Normandie (–16 %), l’Occitanie (–14 %) et la Nouvelle-Aquitaine (–13 %). Seule la région PACA tire son épingle du jeu avec +6 %, un rattrapage après une chute de –24 % le mois précédent. Mais globalement, les enseignes indépendantes continuent de perdre du terrain dans les préférences des consommateurs, face à une offre jugée moins lisible ou moins réactive.
Quand les incitations et les habitudes d’achat ne coïncident plus
La FNH met en lumière une série de facteurs qui désorientent les acheteurs et fragilisent la fréquentation des commerces de proximité. À commencer par la perception des saisons : mars 2025, pourtant plus doux qu’en février, a été vécu comme encore hivernal par une majorité de consommateurs. Résultat : les collections printemps-été, déjà en boutique depuis janvier, ont peiné à convaincre. Ce décalage entre la météo et les produits proposés freine les achats et engendre une frustration de part et d’autre de la vitrine.
Autre phénomène pointé du doigt : le calendrier des soldes, dont la précocité (10 janvier – 6 février) ne correspond plus aux besoins ni aux envies d’un client en quête de sens et de spontanéité. La multiplication des promotions, perçues comme permanentes, affaiblit l’impact des démarques et dévalue la valeur perçue des articles. Enfin, la domination croissante des plateformes de fast-fashion, qui renouvellent leurs stocks de façon hebdomadaire à prix cassés, modifie en profondeur les comportements d’achat. Le consommateur devient plus volatile, plus impulsif, et moins fidèle aux commerces indépendants, malgré leur proximité et leur offre différenciante. Pour ces derniers, il devient de plus en plus difficile de rester visibles dans un univers saturé.