Ce 24 mai 2025, au beau milieu du Festival de Cannes, les projecteurs se sont éteints… au sens propre. À 10h02, une panne d’envergure a touché plus de 160 000 foyers dans les Alpes-Maritimes, paralysant partiellement le littoral. Très vite, l’hypothèse d’un acte délibéré s’est confirmée. Deux groupes se réclamant de l’anarchisme ont revendiqué cette coupure géante. Au-delà de l’événement technique, c’est toute une séquence politique qui s’est ouverte, entre réactions indignées et interrogations sur la sécurité publique.
Une panne spectaculaire, des effets immédiats
En quelques minutes, la Côte d’Azur a basculé dans l’inattendu. Plus de 160 000 foyers, des commerces, des équipements publics et des infrastructures critiques se sont retrouvés sans électricité. Cannes, Antibes, Mandelieu, Villeneuve-Loubet : les conséquences se sont fait sentir jusque dans les ascenseurs, les gares, les pharmacies de garde et les tramways.
À Cannes, le Palais des Festivals a été brièvement plongé dans le noir avant de basculer sur des générateurs autonomes. À Nice, le lendemain, une seconde coupure a privé 45 000 foyers de courant après un nouvel incendie ciblant un transformateur. À la préfecture comme dans les communes, l’heure était à la gestion de crise.
Impact sur les services, les usages et la confiance
Au-delà de l’impact symbolique et politique, la panne a entraîné des conséquences très concrètes dans la vie quotidienne des habitants des Alpes-Maritimes. Plusieurs systèmes essentiels ont été temporairement désactivés : feux tricolores, bornes d’appel d’urgence, distributeurs bancaires, systèmes de télégestion municipale. Dans certaines résidences, les portails motorisés sont restés bloqués ; dans d’autres, ce sont les pompes de relevage ou les systèmes de ventilation qui ont cessé de fonctionner.
Les transports ont également été affectés : à Cannes, les tramways ont été arrêtés, provoquant des ralentissements en chaîne. À Nice, le réseau ferroviaire régional a enregistré des retards dus à des interruptions de signalisation. Dans les hôpitaux, plusieurs blocs opératoires ont fonctionné sur générateurs de secours. À l’échelle locale, les commerçants parlent d’une journée de pertes sèches. Certains supermarchés ont dû jeter une partie de leurs produits frais, faute de pouvoir les conserver au froid.
Mais au-delà des chiffres, c’est la confiance dans la stabilité du réseau électrique qui s’est vue ébranlée. Dans une région fortement urbanisée, densément peuplée et touristiquement sensible, l’idée que quelques personnes équipées d’outils portatifs puissent désorganiser en quelques heures l’ensemble du fonctionnement local a suscité une onde d’inquiétude.
Un sabotage revendiqué, une idéologie assumée
Dès le lendemain, le site militant Indymedia publie un communiqué intitulé « Et… coupez », signé par deux collectifs se présentant comme anarchistes. Ils y revendiquent la responsabilité de l’attaque, ciblant explicitement le Festival de Cannes, qualifié de « vitrine du capitalisme festif », mais aussi « l’infrastructure industrielle et militaire d’un système destructeur ».
Le texte assume un sabotage prémédité : sciage d’un pylône de 225 kilovolts à Villeneuve-Loubet, incendie volontaire dans un poste électrique à Tanneron, le tout présenté comme un « geste de rupture ». Loin d’un simple acte de vandalisme, il s’agit d’un message politique radical, dans la lignée des discours anti-système et décroissants.
Colère des élus, montée en tension dans le débat public
David Lisnard, maire de Cannes, a rapidement dénoncé « une attaque idéologique inacceptable » et demandé que « la justice se montre intransigeante ». Il pointe un préjudice économique pour les commerçants et une menace directe sur la sécurité des habitants. À Nice, Christian Estrosi évoque « un acte malveillant » et demande un renforcement des dispositifs de protection sur les postes à haute tension.
Du côté de l’État, le préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, parle « d’actes graves de dégradation » et annonce une mobilisation « totale des forces de l’ordre » pour identifier les auteurs de la panne d’électricité. Le ministère de l’Intérieur suit le dossier de près. En coulisses, certains élus de la majorité s’inquiètent d’une possible contagion de ce type d’actions, à l’heure où les tensions sociales et climatiques nourrissent certains discours radicaux.
Au-delà de la panne elle-même, l’épisode du 24 mai ravive plusieurs débats sensibles : la protection des infrastructures critiques, le traitement judiciaire des actes militants violents, mais aussi la lecture politique des actes de sabotage.








