La canicule qui secoue la France a des répercussions sur le nucléaire. À cause de la chaleur, certains seuils sont atteints en matière de température de l’eau rejetée dans le fleuve. Conséquence directe : EDF doit fermer le site pendant plusieurs jours.
EDF victime de la canicule
Il y a quelques jours, une décision rare a été prise : l’unique réacteur encore actif à la centrale nucléaire de Golfech, dans le Tarn-et-Garonne, a été mis à l’arrêt. En cause : la canicule, dont l’intensité a transformé les eaux de la Garonne en obstacle au bon fonctionnement du site. La centrale s’est retrouvée à l’arrêt total, non pas à cause d’une défaillance mécanique ou d’un problème de sécurité interne, mais à cause de la montée des températures dans son environnement immédiat.
Le seuil critique de 28 °C dans les eaux du fleuve, fixé par les normes environnementales, a été atteint. Cette limite n’a rien d’anecdotique : elle détermine l’arrêt automatique de l’activité afin de ne pas aggraver l’impact thermique sur l’écosystème aquatique. Le réacteur 1, seul à produire depuis plusieurs mois, a été stoppé par précaution, avant même d’atteindre cette température de rupture.
EDF a rapidement communiqué sur cette suspension en insistant sur son caractère anticipé et réglementaire. L’exploitant nucléaire rappelle que ces protocoles font partie d’une série de mesures destinées à protéger l’environnement sans compromettre la sécurité du réseau électrique.
Parallèlement, le réacteur 2 de la centrale est en cours de maintenance, rendant tout redémarrage immédiat impossible. Le site est donc totalement hors service jusqu’à nouvel ordre, dans une région en pleine vague de chaleur.
Un impact jugé négligeable, mais symptomatique
RTE, le Réseau de Transport d’Électricité, a tenu à rassurer : malgré l’arrêt, la distribution d’électricité est maintenue grâce à d’autres sources comme l’hydroélectricité et le solaire. À l’échelle nationale, une telle indisponibilité reste « résiduelle », selon les termes employés. Mais ce discours rassurant masque une fragilité croissante. Déjà en 2003, la canicule avait provoqué des arrêts similaires et une baisse de production estimée à plus d’un pour cent. Depuis, le phénomène ne fait que se répéter avec une fréquence préoccupante.
La Cour des comptes, dans ses observations les plus récentes, alerte clairement : ces interruptions liées à la température ne seront plus l’exception, mais pourraient bien devenir la norme. Elle invite EDF à développer de nouveaux procédés de refroidissement moins vulnérables aux variations climatiques. Et cela implique des investissements lourds, des adaptations structurelles et une révision des priorités techniques. Les centrales installées en bord de fleuve, comme Golfech, devront imaginer d’autres solutions que le simple pompage-rejet de l’eau.
La mise à l’arrêt de Golfech n’est pas un cas isolé. D’autres réacteurs ont récemment ralenti leur production dans des conditions comparables. Cette canicule s’impose ainsi comme un révélateur des tensions entre les infrastructures actuelles et les exigences climatiques.