Les Français et le paiement en 2025 : usages, écarts générationnels et fractures numériques

Dans les magasins, à la terrasse d’un café ou sur les plateformes en ligne, les Français ne paient plus comme avant. En 2025, entre la carte bancaire qui rassure, le mobile qui séduit et le cash qui résiste, chaque geste de paiement raconte une histoire. Derrière ces habitudes, des générations, des territoires et des attentes très différentes.

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Le paiement est souvent perçu comme un geste banal, un simple point final à l’acte d’achat. Pourtant, en 2025, il reflète des transformations bien plus profondes dans les habitudes des Français. Des seniors attachés à leur carte bancaire aux jeunes urbains adeptes du paiement mobile, en passant par ceux qui tiennent aux espèces comme à un repère de confiance, les manières de payer traduisent aujourd’hui des choix culturels, des contraintes territoriales et une adaptation plus ou moins fluide au numérique.

La carte bancaire en tête, mais pas pour tout le monde

La carte bancaire reste, en apparence, l’outil de référence. En 2025, 66 % des Français l’utilisent en priorité, selon une étude de SumUp. Mais derrière cette moyenne, les comportements se segmentent. Les plus de 65 ans y recourent massivement (77 %), tandis que les 18-24 ans lui préfèrent souvent le mobile ou les portefeuilles numériques.

Ce basculement ne reflète pas une simple évolution technologique : il incarne un rapport différent à la sécurité, à la simplicité, au contrôle des dépenses. Là où la carte rassure, le mobile séduit par sa fluidité. Et si les espèces ne sont plus le réflexe majoritaire, elles continuent d’exister comme marqueur culturel, voire politique, d’une partie de la population.

Le retrait d’espèces devient une contrainte dans de nombreux territoires

Loin des métropoles, retirer de l’argent est devenu plus compliqué. Distributeurs fermés, agences disparues, trajets allongés : dans certaines zones rurales, la disparition progressive des points de retrait transforme l’accès au cash en souci quotidien.

Un Français sur cinq affirme rencontrer des difficultés à se procurer des espèces, selon SumUp. Ce constat renforce, souvent malgré eux, l’usage du sans-contact ou du paiement mobile. Une transition subie, plus qu’adhérée, pour ceux qui ne disposent pas toujours des outils ou de la culture numérique nécessaires.

À Paris, Marseille, Toulouse… les usages numériques s’imposent

Dans les grandes villes, la dynamique est inverse. À Paris, la majorité des commerçants acceptent le paiement mobile. À Marseille, 50 % des habitants ont modifié leur méthode de paiement en un an. À Toulouse, Lyon, Strasbourg, même tendance.

Ces changements sont soutenus par une densité technologique (Wi-Fi, terminaux, objets connectés), mais aussi par une habitude culturelle à adopter les outils nouveaux. Il ne s’agit plus de savoir si l’on peut payer autrement, mais pourquoi on ne le ferait pas.

Ce que pensent vraiment les Français des paiements numériques

Si 55 % des Français déclarent préférer les moyens numériques, l’enthousiasme reste tempéré. Un quart redoutent la perte de contrôle sur leurs données. Et 24 % évoquent un manque de visibilité sur leurs dépenses. Ces inquiétudes sont plus présentes chez les 45-64 ans, génération pivot entre analogique et numérique.

Pour eux, le changement de méthode s’effectue moins par adhésion que par nécessité : difficulté à retirer du liquide, pression sociale, ou simple besoin de gagner du temps.

L’intelligence artificielle : outil d’optimisation, pas encore de confiance

L’IA fait son apparition dans l’écosystème des paiements. Détection de fraude, analyse budgétaire, gestion automatisée : les promesses sont nombreuses. Pourtant, elles peinent à convaincre.

Selon SumUp, 70 % des Français refusent de déléguer la gestion de leurs paiements à une IA. Seuls 11 % accepteraient son intervention pour des abonnements fixes. Ce rejet ne reflète pas une méfiance absolue envers la technologie, mais une inquiétude sur la perte de contrôle, notamment chez les plus âgés.

Pour les entreprises, l’adaptation n’est plus une option

À l’heure où près de la moitié des consommateurs ont changé de méthode de paiement en un an, les commerçants n’ont plus le choix. Selon Gabriel Destremaut (SumUp), « Adapter les options de paiement aux nouvelles habitudes numériques peut améliorer l’expérience d’achat et fidéliser la clientèle, en plus de répondre à leurs attentes initiales. »

Cela signifie : accepter le mobile, proposer le sans-contact, conserver une option espèces pour ne pas exclure certains publics. Dans les grandes villes comme dans les zones moins connectées, la souplesse est devenue un marqueur de professionnalisme.

Le moment du paiement, souvent perçu comme une formalité, révèle en réalité de profondes lignes de fracture. Entre les âges, les régions, les niveaux de confiance, les outils numériques bousculent les habitudes. Pour les Français, le paiement est à la fois un choix technique, une contrainte pratique et une question de confiance. Pour les entreprises, c’est un indicateur précieux des attentes, des freins, et des opportunités à saisir.

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