Le service public français face à son devoir d’efficacité : l’heure de vérité à l’heure de la dette

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Le service public français a longtemps été perçu comme un pilier de la République. Mais il s’est progressivement enfermé dans une logique d’autoprotection, oubliant qu’il est au service de la nation et non l’inverse. Face à la révolution technologique qui s’annonce, notamment celle de l’intelligence artificielle, son incapacité à se réformer devient un danger pour l’efficacité de l’État tout entier.

Un système tourné vers lui-même
Le service public français s’est construit sur une idée noble : garantir la continuité et l’égalité du service à tous les citoyens. Mais au fil du temps, cette mission s’est confondue avec la défense d’intérêts corporatistes. Le cœur du système s’est déplacé : au lieu d’être au service du citoyen, il s’est mis au service de lui-même. La fonction publique, dans bien des domaines, semble d’abord chercher à préserver ses acquis plutôt qu’à améliorer la qualité du service. Jours de carence supprimés, régimes de retraite spécifiques, temps de travail parfois inférieur à 35 heures, sécurité de l’emploi à vie, multiples avantages annexes : tout concourt à figer l’appareil administratif. La conséquence directe, c’est une lourdeur structurelle, une inertie institutionnelle et une incapacité chronique à se transformer.

Un monde qui va plus vite que l’administration
Le monde économique, technologique et social avance à une vitesse que l’État n’a pas su suivre. Dans le privé, l’efficacité est une condition de survie ; dans le public, elle reste une option. Pourtant, la logique devrait être la même : quand l’argent provient des contribuables, chaque euro dépensé doit être justifié par un service rendu. Or, dans bien des administrations, les procédures s’allongent, les effectifs croissent, les coûts explosent, tandis que les résultats stagnent. La culture du résultat, qui est devenue la norme dans la plupart des pays développés, reste perçue en France comme une menace. Mais la réalité est implacable : dans un monde où tout s’accélère, un service public immobile devient un frein à la compétitivité nationale.

L’intelligence artificielle, une révolution inévitable
La révolution de l’intelligence artificielle offre une occasion historique de repenser le fonctionnement de l’administration. Elle pourrait permettre d’automatiser des tâches répétitives, de simplifier les démarches, de réduire les coûts, et de réorienter les agents vers des missions à forte valeur ajoutée. Mais cette modernisation suppose une culture du changement, de l’adaptation et de la responsabilité. En France, c’est précisément là que le bât blesse. Le réflexe de blocage, la peur de la réforme et la protection systématique des privilèges risquent de transformer cette opportunité en impasse. Un État qui ne s’adapte pas devient rapidement un État obsolète.

Le devoir de rendre des comptes
Le service public a deux devoirs : celui d’être efficace, et celui d’être sobre. L’efficacité, c’est le devoir de rendre des comptes sur l’utilisation des moyens mis à sa disposition. La sobriété, c’est le devoir de coûter le moins cher possible au contribuable. Le service public n’est pas un monde à part : il est financé par le travail des Français. Il doit donc s’évaluer, se transformer, et accepter l’idée que servir la nation, c’est parfois accepter de faire mieux avec moins.

Conclusion
eLa question n’est plus de savoir si le service public doit se réformer, mais s’il en est encore capable. L’intelligence artificielle, en bouleversant toutes les organisations, va rendre cette transformation inévitable. Le service public doit retrouver le sens de sa mission : non pas protéger ses structures, mais servir le citoyen. L’efficacité et la sobriété ne sont pas des menaces : elles sont les conditions de sa survie. Le Délégué Interministériel à la Transformation Publique est en charge de la réforme de l’Etat. Dans les circonstances actuelle sa mission est quasi impossible alors qu’elle est stratégique.

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