Le jeu vidéo change de visage, et avec lui, les enseignes historiques vacillent. Après des décennies de présence en France, Micromania-Zing se retrouve au bord du précipice. Son propriétaire américain, GameStop, veut s’en séparer. Une page se tourne, mais le dernier chapitre de cette saga est-il déjà écrit ?
Une décision brutale aux répercussions incertaines
L’annonce est tombée le 18 février 2025. GameStop, géant du jeu vidéo aux États-Unis, a confirmé sa volonté de vendre ses activités en France et au Canada. Parmi elles, Micromania-Zing, qui emploie environ 1 200 salariés dans près de 300 magasins à travers l’Hexagone. Pour l’instant, aucun repreneur n’a été identifié. L’enseigne, autrefois incontournable pour les passionnés, est désormais une variable d’ajustement dans une stratégie de repli international.
GameStop n’en est pas à son premier revirement stratégique. Ces dernières années, le groupe a cherché à se réinventer, notamment en s’orientant vers le commerce en ligne et en tentant de capitaliser sur la spéculation boursière qui avait brièvement fait de lui un phénomène financier en 2021. Mais ces manœuvres n’ont pas suffi à enrayer une tendance lourde : la distribution physique de jeux vidéo est en déclin, et Micromania n’a pas su s’adapter suffisamment vite.
Un marché qui a évolué trop vite pour Micromania
Pendant des années, Micromania a dominé le secteur de la vente spécialisée en France, s’imposant comme un passage obligé pour les joueurs. À une époque où acheter un jeu signifiait se rendre en magasin, la marque bénéficiait d’un positionnement stratégique fort. Mais la montée en puissance du dématérialisé a bouleversé la donne. Les joueurs achètent désormais directement sur les plateformes numériques comme Steam, le PlayStation Store, l’eShop de Nintendo ou encore le Xbox Store. La part des ventes physiques n’a cessé de reculer et représente désormais moins d’un tiers du marché.
Micromania a bien tenté de diversifier son offre en intégrant les produits dérivés sous l’enseigne Zing, mais cela n’a pas suffi à enrayer la baisse de fréquentation de ses magasins. Face à des distributeurs en ligne capables de proposer des promotions agressives et des livraisons express, l’intérêt d’un passage en boutique s’est réduit. Le concept même de la revente de jeux d’occasion, longtemps l’un des piliers du modèle économique de Micromania, a perdu en pertinence avec la généralisation des offres d’abonnement comme le Xbox Game Pass ou le PlayStation Plus. Les difficultés du groupe ne sont pas seulement conjoncturelles. En Allemagne, GameStop a déjà fermé tous ses magasins, et en Italie, les points de vente ont été revendus à un acteur local. L’histoire pourrait bien se répéter en France si aucun repreneur ne se manifeste.
Quel avenir pour l’enseigne en France ?
Plusieurs scénarios sont envisageables, mais aucun ne garantit la survie de Micromania sous sa forme actuelle. L’arrivée d’un investisseur prêt à redonner un second souffle à la marque est une possibilité, mais elle semble incertaine. Racheter une chaîne de magasins à l’heure où le commerce physique souffre est un pari risqué, d’autant que les marges sont minces et les loyers élevés.
Une autre issue serait une fermeture progressive des points de vente, avec des licenciements à la clé. Micromania pourrait alors connaître le même sort que Game ou Score Games, deux enseignes disparues faute d’avoir su s’adapter. Une mutation vers un modèle plus numérique, en misant sur des éditions collector ou des exclusivités en ligne, pourrait être envisagée, mais là encore, cela demanderait des moyens que GameStop n’est manifestement pas prêt à investir.








