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71% des enfants de 11-12 ans présents sur les réseaux sociaux : un chiffre en baisse







6 Octobre 2023

Alors que la présence des pré-ados sur les réseaux sociaux semblait indétrônable, une tendance étonnante émerge : leur désengagement. Entre vigilance parentale accrue et initiatives des plateformes, retour sur ce phénomène qui marque peut-être un tournant numérique.


La tragédie et la vigilance redessinent le paysage numérique

71% des enfants de 11-12 ans présents sur les réseaux sociaux : un chiffre en baisse
Le taux d'engagement des 11-12 ans sur les réseaux sociaux a chuté de 87 % à 71 % en seulement un an. Selon Emmanuel Berne de l'agence Heaven, plusieurs éléments expliquent cette mutation. En premier lieu, les tragiques suicides de Lucas et Lindsay, victimes emblématiques du cyberharcèlement, ont éveillé une prise de conscience collective. Les parents, inquiets, ont accentué leur surveillance, instaurant des restrictions plus sévères. Simultanément, les plateformes, en réponse à cette inquiétude grandissante, ont renforcé leurs politiques de suppression des comptes mineurs. Résultat ? Les pré-ados, dans la majorité des cas, semblent respecter les décisions parentales.

Bien que TikTok et Snapchat essuient une baisse de leur popularité auprès des plus jeunes, YouTube parvient à conserver son trône. 60,5 % des pré-ados s'y connectent régulièrement, transformant cette plateforme, initialement dédiée aux dessins animés, en un espace multifonction. Les enseignants la valorisent comme ressource pédagogique, et les influenceurs y maintiennent une audience fidèle. WhatsApp, de son côté, use de ses fonctionnalités comme les "status" et les groupes familiaux pour séduire 43 % de cette tranche d'âge.

L'intelligence artificielle peine à convaincre

La technologie évolue, et avec elle, de nouvelles propositions émergent. L'exemple de My AI, propulsé par ChatGPT, est à ce titre évocateur. Positionné comme le nouvel « ami virtuel » sur Snapchat, il symbolise cette avancée technologique. Mais les chiffres parlent d'eux-mêmes : bien que 40 % des enfants en aient entendu parler, rares sont ceux qui l'adoptent. Emmanuel Berne apporte un éclairage sur ce constat : pour ces pré-ados, la frontière est nette, « ils perçoivent que c'est un robot ». La magie de l'IA, aussi sophistiquée soit-elle, n'a pas encore opéré.

Le Parlement français ne reste pas inactif face à cette situation. Une loi vient d'être votée, visant à interdire l'accès aux réseaux sociaux aux moins de 15 ans sans accord parental. Une mesure qui pourrait renforcer cette tendance de désengagement, ou à tout le moins, redessiner la carte de la présence des jeunes sur ces plateformes. Seul l'avenir nous dira si cette évolution est temporaire ou s'inscrit dans la durée.