Autoroutes : pourquoi le prix des péages risque de fortement augmenter en 2023






26 Septembre 2022

Si le gouvernement annonce une hausse « raisonnable », les tarifs des péages sont en fait largement calculés en fonction de l’inflation.


Un ordre de grandeur de 7 à 8%, selon les sociétés d'autoroute

Vers une hausse conséquente des tarifs de péages autoroutiers l'an prochain ? (Crédit : Pixabay)
C’est un fait : les autoroutes ont été privatisées. Et en procédant à des augmentations régulières des tarifs des péages, les sociétés autoroutières ne font qu’appliquer les contrats qui les lient à l’Etat. Et ce même si la mise en parallèle de la crise actuelle et de leurs bénéfices annuels peut choquer les usagers, à commencer par ceux contraints d’utiliser les autoroutes à des fins professionnelles.

Selon Clément Beaune, l’augmentation de 2023 devrait rester « raisonnable », sachant qu’elle a été en moyenne de 2% en 2022. Le  ministre délégué aux Transports a dit en effet vouloir une augmentation raisonnable des tarifs autoroutiers l’an prochain, et non d’un ordre de grandeur de 7 à 8%. C’est pourtant le niveau de hausse évoqué lors de leurs discussions avec le ministère par les sociétés d’autoroute, en vue de la prochaine hausse prévue pour début février. En effet, les prix des péages d'autoroutes sont calculés, ce que l’on sait peu en fonction de l’inflation, actuellement galopante.

Très peu de marge de manœuvre pour le gouvernement

Ainsi, parmi les éléments variables pris en compte chaque année, il est contractuellement précisé que leur augmentation doit atteindre au moins 70% de l’inflation. Dans cette optique, mécaniquement,  le prix des péages devrait augmenter de 7 ou 8% au 1er février 2023. « Une demande scandaleuse en pleine crise de pouvoir d'achat des Français déjà étranglés par le prix de l'essence », a estimé Bruno Retailleau dans un communiqué. Le sénateur LR avait déposé l'an passé une proposition de loi visant à revoir les contrats des sociétés d'autoroutes et assurer un partage équilibré des bénéfices entre les usagers, les autorités concédantes et les concessionnaires. Un texte pas encore inscrit à l’ordre du jour du sénat à l’heure qu’il est.
 
Le gouvernement a donc entamé des discussions afin de parvenir à limiter cette hausse. Mais rien ne garantit qu’il y parvienne, ces conditions étant contractuelles, et l’État ne pouvant déroger aux contrats signés. Sauf à renationaliser les réseaux autoroutiers, ce qui ne semble pas d’actualité. Les seules pistes envisageables, alors que la marge de manœuvre gouvernementale est en fait de plus réduite, seraient soit de réduire les taxes perçues par l’État le temps que l’inflation se calme, ou de négocier une absence de hausse des tarifs en fonction de l’inflation, en échange d’un allongement de la durée des concessions.