Benjamin Carle le « Made in France » jusque boutiste






2 Février 2015

Histoire à la fois amusante et ardue, le journaliste Benjamin Carle retrace dans un livre à paraître au mois de mai chez Plon, son pari de vivre 100% Français pendant un an. Pas si facile que cela.


Benjamin Carle
De lui, on connaît déjà pas mal de choses. D’abord, son documentaire, diffusé l'année dernière sur Canal +, Made in France, tiré de son expérience « limite » : soit vivre 100% français pendant un an. Très vite, l'aventurier d’un nouveau genre, s’est retrouvé à galérer. Surtout quand le sujet du canapé est venu sur le tapis. Parce que si l’idée est bonne, dans les faits, ne consommer que des produits fabriqués en France relève parfois de la gageure. De cette expérience de « l’extrême », il a tiré un livre. Ce dernier, Made in France. L’année où j’ai vécu 100 % français, sort au printemps prochain chez Plon.
 
Dans cette drôle de somme, benjamin Carle détaille comment il a tenté de suivre les injonctions politiques, soit consommer 100% français. Si l’idée est noble, dans la pratique, les choses se corsent. Plus compliqué en effet, que de subsister pendant un an avec des produits conçus en Chine. Au départ, Benjamin Carle établit un constat : son appartement ne contient que 4% d'objets fabriqués en France. En vrac : « Un fauteuil, une veste militaire, une table basse, quelques fruits et légumes et deux albums d’Alain Bashung. » Si avoir des disques de Bashung est une bonne chose, d’ores et déjà, on sait que cela ne suffira pas. Il va falloir aller plus loin. Il va falloir s’impliquer à fond. Le patriotisme économique est une belle idée. Dans les faits, elle est ardue à mettre en place.
 
Très vite, Benjamin Carle se retrouve habillé comme une caricature. Si on oublie le béret, considéré comme ringard, on n’échappe pas à la marinière, étendard Made in France porté haut par Arnaud Montebourg, l’ancien ministre de l’Économie. C’est  vite « cliché » : marinière donc, Armor Lux évidemment, slip, Le Slip Français, espadrilles. Heureusement, on trouve chez Bleu de Paname, frocs et vestes, pulls chez Saint James. On ne va pas s'attarder sur tout le vestiaire. Mais on est content de pouvoir sortir dans la rue avec autre chose sur les fesses, qu’un slip et un tricot rayé. Malgré tout, on ne peut pas éviter le côté folklo et un rien brocardier. Encore plus, quand on roule à Mobylette. En Effet, expliquait l'année dernière à L’Express, le journaliste de 28 ans : « Les rares produits qu'on fabrique encore chez nous sont ceux qui nous caractérisent le plus en tant que Français. »
 
Au-delà, le livre se lit, pardon pour l’anglicisme, comme un road trip dans la France industrielle et profonde. Plus largement, il raconte une plongée dans le rayon des supermarchés. Parce que dénicher le produit 100% Made in France n’est pas si aisé que cela. Le récit de Benjamin Carle retrace également l’histoire des protagonistes de ce Made in France, pas encore labellisé : ceux qui réussissent et ceux qui se cassent les dents. Le phénomène, complexe et intéressant, renseigne également sur l’histoire économique. Et en premier lieu, sur la mondialisation. Ses conséquences sur la consommation et sur les modes de vies. Benjamin Carle, vingt-cinq à l’époque de son expérience, a pourtant décidé de manger, de s’habiller, de se déplacer, de s’équiper et de se cultiver « français » pendant un an. Pourquoi ? Pour savoir « à quoi son pays était encore bon. » Et ? C'est bon.

Made in France. L’année où j’ai vécu 100 % français, Benjamin Carle, (Plon).