Et si le mal du dos était dû à une bactérie ?






23 Mai 2013

C’est le postulat d’une étude conjointement menée par des chercheurs de l’Université du Danemark du Sud (Odense) et de l’Université de Birmingham. Après avoir suivi 61 patients souffrant de douleurs lombaires depuis 6 mois et devant se faire opérer d’une hernie discale, les résultats montrent qu’une large majorité du panel ne souffre plus (ou souffre moins) du dos après absorption d’antibiotiques. Quelle en est la cause ?


Une bactérie de la douleur

La bactérie propionibacterium acnes serait la cause de 20 à 40 % des lombalgies chroniques avec hernie discale. Si les spécialistes savaient déjà que pour certains cas il s’agissait d’infections (plutôt que d’une mauvaise posture ou d’un choc par exemple), ils pensaient que celles-ci étaient exceptionnelles. L’étude démontre ainsi au contraire qu’une proportion non négligeable des cas de lombalgie et que ces derniers sont d’origine bactérienne. Cette bactérie très répandue sur la peau humaine, et d’ailleurs à l’origine de l’acné, migre parfois de la surface de la peau jusqu’aux dents, puis à travers les gencives dans le sang. En règle générale, cela ne pose aucun problème, car la bactérie est inoffensive pour le corps. Mais lorsqu’une personne souffre de hernie discale, le corps réagit en augmentant la taille des vaisseaux sanguins entre les disques, favorisant alors l’apparition de la bactérie au sein de ceux-ci, ce qui cause des inflammations.
 
L’étude entre autres menée par le professeur Claus Manniche (de l’Université du Danemark du Sud) montre que cette bactérie est difficile à repérer, car elle n’apparait, avec une biopsie, qu’après quatorze jours de culture – contre trois habituellement pour une biopsie vertébrale. Le résultat des recherches, deux études publiées dans l'European Spine Journal, met ainsi en évidence la relation entre l’infection bactérienne et un traitement antibiotique qui réduit la douleur des patients.

L’administration d’antibiotiques pour lutter contre la bactérie

L’incidence de la présence bactérienne lorsqu’il y a une hernie discale peut permettre un traitement de la maladie, si l’infection est la cause de la douleur. Ainsi, un traitement antibiotique a été effectué pendant 100 jours sur la moitié des 61 participants à l’étude, tandis que l’autre recevait des placébos. Les résultats sont probants : les patients traités à l’aide des antibiotiques ont moins mal au dos, et lorsqu’ils ressentent une douleur elle est moins élevée qu’au début de l’étude (évaluée à 6,7/10 en moyenne au début, elle passe à 5/10 en moyenne pour les patients traités). En outre, les effets sont plus importants avec le temps puisque seulement 19 % des personnes traitées avec antibiotiques se plaignaient encore de douleurs récurrentes alors qu’elles étaient 75 % un an auparavant.

Des résultats probants qui ouvrent la voie à des traitements efficaces

L’avènement du secteur des services fait travailler une large portion de la population active de longues heures en position assise. Chez certains, l’âge et la sédentarité des modes de vie accélèrent également la perte de tonus. Ces habitudes favorisent les douleurs articulaires et musculaires du dos. Pour de nombreuses personnes, les perspectives ouvertes par ces travaux scientifiques réveillent des espoirs de quotidiens meilleurs. Gare aux excès d’optimisme toutefois, car il ne faut pas oublier que les modes de traitement expérimentés ici n’ont suggéré leur efficacité que pour les douleurs lombaires.