Gaspillage alimentaire : et si la solution était de changer les dates de péremption ?






17 Novembre 2023

Alors que les pays européens jettent plus de 60 millions de tonnes de nourriture chaque année, le ministre de l'Agriculture, Cem Özdemir, propose une solution plutôt radicale : supprimer les dates de péremption sur certains produits alimentaires. Une proposition qui vise à encourager une consommation plus responsable.


Réévaluer les dates de péremption pour éviter le gaspillage alimentaire

La proposition du ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation allemand, Cem Özdemir, cible spécifiquement les produits à faible teneur en eau, tels que le riz, les pâtes, le thé et le miel. Cette particularité rend ces aliments moins sujets au développement de micro-organismes pathogènes et ils peuvent donc se conserver bien au-delà de leurs supposées dates de péremption. Le miel est sans nul doute le meilleur exemple, il peut rester comestible pendant des siècles s'il est conservé à l'abri de la lumière et de la chaleur. Autrement dit, la plupart des produits stockés dans nos placards sont souvent jetés prématurément.

Néanmoins, la suppression des dates de péremption aurait un impact limité. Les produits frais comme le pain, les fruits et les légumes représentent la plus grande part du gaspillage alimentaire. En ce sens, la démarche du ministre va au-delà de la simple suppression des dates de péremption à l'échelle européenne. Son objectif est de redéfinir nos habitudes alimentaires, en mettant l'accent sur une meilleure compréhension de la durabilité et de la conservation des aliments. En réévaluant les dates de péremption, nous pourrions non seulement réduire le gaspillage, mais aussi adopter une approche plus responsable de notre alimentation.


L'urgence d'une consommation plus responsable

La sensibilisation des consommateurs est au cœur de cette initiative. Beaucoup se fient aux dates de péremption sans comprendre leur véritable signification. Thomas Henle, chimiste alimentaire, souligne que ces dates de durabilité minimales (DDM) sont avant tout des indicateurs de qualité plutôt que des garanties de sécurité sanitaire. Bien qu'aucune mesure n'ait encore été mise en place à l'échelle européenne, l'initiative de Özdemir suscite l'espoir d'une action concrète de la Commission européenne.

Selon la FAO, environ un tiers de la nourriture produite mondialement pour la consommation humaine, soit environ 1,3 milliard de tonnes par an, est perdue ou gaspillée. Ce gaspillage a un impact économique majeur, estimé à 940 milliards de dollars par an (16 milliards d'euros pour la France), et contribue à 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.