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Inflation : la BCE sollicite les entreprises pour prendre en charge la hausse de salaire







10 Octobre 2023

La BCE demande aux entreprises de participer aux hausses salariales pour stabiliser l'économie de la zone euro et lutter contre l'inflation.


Le dilemme entre marge et hausse des salaires

Inflation : la BCE sollicite les entreprises pour prendre en charge la hausse de salaire
Christine Lagarde, à la tête de la Banque centrale européenne (BCE), met en avant le rôle déterminant des entreprises face à cette situation. Dans un entretien accordé à La Tribune du Dimanche, publié le dimanche 8 octobre, la présidente de la Banque centrale européenne ne mâche pas ses mots : « Les entreprises ont intérêt à accepter de prendre sur leurs marges – qui n'ont pas beaucoup évolué en 2022 ». Cette réflexion s'inscrit dans une période où l'opinion publique, selon la présidente de la BCE, risque d'exercer une pression significative sur les entreprises à ce sujet. La grève prévue pour ce vendredi 13 octobre 2023 par l'intersyndicale, en prévision de la conférence sociale sur les bas salaires, en est une illustration.

Face à une inflation persistante en Europe, la BCE prévoit un taux de 5,6% pour cette année, soit 2,8 points de moins que l’année 2022. Si la présidente de la Banque centrale européenne se montre rassurante quant à cette tendance : « L'inflation persiste, mais elle décroît. Elle est même en décélération constante. C'est une bonne nouvelle », les prévisions de la BCE dépendent, selon elle, en grande partie de la trajectoire que prendront les entreprises. Néanmoins, les prévisions de la BCE semblent reposer sur une vision à court terme : toutes les entreprises ne sont pas capables d'absorber l'augmentation salariale. De plus, l'inquiétante augmentation du nombre de faillites d'entreprises (+35 % au cours de l'année 2023) laisse peser des inquiétudes pour les entreprises. En effet, si l'inflation persiste, beaucoup d'entre elles devront mettre la clé sous la porte, et leurs employés se retrouveront....sans emploi.




 

Quelles perspectives économiques ?


​Concernant la croissance, le tableau esquissé par la BCE est contrasté. Avec une prévision de 0,7% pour 2023, il s'agit d'une baisse par rapport aux 3,5% de 2022. Néanmoins, l'horizon semble s'éclaircir avec des taux de croissance prévus à 1,0% en 2024 et 1,5% en 2025.

Cependant, comme le souligne la président de la BCE, un autre paramètre vient compliquer l'équation économique : les prix de l'énergie. En ce sens, Christine Lagarde met en garde la stabilité économique de la zone euro qui est fortement liée à la volatilité du prix du pétrole.  En effet, après l'attaque du Hamas contre Israël, il est fort probable que les prix du baril brut s'enflamme comme cela avait été le cas lors du second choc pétrolier de 1973, conséquence de la guerre de Kippour. Si la présidente de la BCE n'évoque pas directement le conflit Israélo-palestinien, elle considère que la dépendance des pays membres de la zone euro doit les amener à « poursuivre la lutte contre le changement climatique et à évoluer vers un mix énergétique moins dépendant des énergies fossiles et de fournisseurs extérieurs ».

Ainsi, entre les pressions internes liées à l'inflation et à la demande intérieure, et les enjeux externes tels que la géopolitique et l'énergie, la zone euro navigue en eaux troubles. Les entreprises peuvent jouer un rôle dans la stabilisation de l'économie de la zone euro, mais au vu des enjeux, cet impact reste très limité et ne sera que de court terme