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La France d’aujourd’hui, par Gilbert Payet







24 Décembre 2021

Dès son plus jeune âge, Gilbert Payet se destinait à devenir préfet. D’enfant de La Réunion à responsable financier et juridique de la Campagne d’Eric Zemmour, en passant par l’ENA et le cabinet de Jean-Pierre Raffarin, son parcours est unique et prestigieux.

A travers son autobiographie « Marmaille de la République, Les confessions d’un préfet » paru chez VA Editions, nous comprenons sa grande dévotion pour notre nation.


Alors que la jeunesse est critiquée pour son désintérêt de la politique, comment justifiez-vous votre très jeune passion pour ce domaine ?

Mon père était très impliqué dans les campagnes électorales dans la commune de Saint-Louis à La Réunion où je suis né, campagnes fort mouvementées au demeurant : affrontements entre colleurs d’affiches, jets de pierres sur les convois, fraudes massives…  Il nous emmenait régulièrement mon frère et moi dans ses virées nocturnes. C’est ainsi que je voulus être maire à 7 ans après une campagne municipale, député à 8 après une législative, et préfet à 9 ans après avoir rencontré de manière fortuite le préfet de l’époque.

Certaines de vos fonctions vous ont amené à incarner directement l’État au plus proche des citoyens, pensez-vous que cette présence sur le terrain est suffisante pour la population ?

La France reste un État centralisé. Mais les citoyens comme les élus ont besoin d’un préfet représentant de l’État au niveau local, capable de diriger l’action de tous les services et d’arbitrer les éventuelles querelles. Les services départementaux de l’État ont connu une véritable saignée ces dernières années. Il est temps de corriger certains excès et surtout de s’attaquer prioritairement aux administrations centrales et régionales source de tant de dérives bureaucratiques.

En tant qu’énarque honoraire et ancien directeur de stage à l’ENA, que pensez-vous de la décision du Président E. Macron de mettre fin à cette institution ?

Je crains qu’il ne s’agisse d’un faux-semblant. Certes il faut réformer l’ENA et arrêter de sortir chaque année des cohortes de fonctionnaires dont l’activité principale sera de faire ce pour quoi ils ont été formés, c’est-à-dire écrire et écrire encore lois, décrets, circulaires alors que depuis des décennies nos gouvernants nous parlent de simplifications. Mais le problème de l’accaparement du pouvoir par une caste parisienne, faite de réseaux constitués dès le berceau et renforcés ensuite dans les établissements parisiens les plus prestigieux puis à Sciences Po, restera entier. Bien au contraire, on retrouvera ce contre quoi l’ENA était censée lutter : la cooptation entre pairs et le renforcement de l’entre-soi.

Votre carrière est extrêmement riche, cependant ce n’est que la première fois que vous rejoignez l’équipe d’un candidat à l’élection présidentielle, pourquoi ce choix ?

Ce n’est pas vraiment ma première expérience politique. Conseiller auprès de Margie Sudre alors qu’elle était Secrétaire d’État à la Francophonie, j’ai même été son mandataire financier pour une législative. J’ai également été conseiller technique en charge des collectivités locales et de l’aménagement du territoire au cabinet de Jean-Pierre Raffarin. Comme toujours dans ces expériences il a une part de hasard. C’est encore le cas aujourd’hui puisque c’est en grande partie parce que j’ai rencontré Sarah Knafo alors que j’étais préfet des Pyrénées-Atlantiques et elle stagiaire de l’ENA qu’elle m’a proposé de rejoindre cette équipe de campagne.