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Le Premier ministre polonais défend la souveraineté de son pays au Parlement européen







19 Octobre 2021

En déplacement au Parlement européen à Strasbourg, le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki a défendu la souveraineté de son pays et la primauté de la Constitution polonaise sur les lois européennes. La présidente de la Commission européenne se réserve plusieurs options pour forcer Varsovie à revenir sur sa décision.


Le bras de fer entre Bruxelles et Varsovie

Le Premier ministre polonais défend la souveraineté de son pays au Parlement européen
Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a maintenu ses positions sur la souveraineté de son pays, dans la matinée du mardi 19 octobre, devant les députés européens. En déplacement au Parlement européen, il a défendu la souveraineté des États face à la Commission. Il a aussi dénoncé un chantage que lui livrerait l’Union européenne. L'organisation supranationale a en effet suspendu le versement de plusieurs milliards d’euros de fonds à la suite d'une décision de la Cour constitutionnelle polonaise. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a fait le déplacement pour l’occasion, a promis de sévir contre la Pologne.

Ursula von der Leyen a estimé qu'il existait plusieurs options pour forcer la Pologne à se plier aux règles européennes. Tout d'abord un blocage du versement des fonds (54 milliards d'euros) car la Pologne est le premier État de l'UE à recevoir des subventions européennes. Ces subventions sont actuellement suspendues. Sur le plan juridique, la présidente de la Commission se réserve la possibilité d'engager une action en justice contre la Pologne. Dernière option possible : le déclenchement de l’article 7 du Traité de l'UE qui peut mener à une suspension des droits de vote d’un pays au Conseil européen.
 

Vers un Polexit ?

En jeu : le « Polexit », qui correspondrait à une sortie de la Pologne de l’Union européenne. Ursula von der Leyen a déclaré être « profondément inquiète ». Elle y voit « une remise en cause de l'ordre juridique européen ». Selon Guillaume Klossa, fondateur du think tank Europa Nova, la Pologne a besoin des fonds européens. « La forte croissance polonaise est en partie due au financement des fonds structurels européens. Ceux-ci profitent aux infrastructures polonaises, aux universités polonaises, à l’agriculture polonaise. La réussite actuelle de la Pologne, en termes de croissance, tient à ses financements et les citoyens polonais en sont extrêmement conscients ».

Une majorité d'eurodéputés, centristes et de gauche, par crainte que la crédibilité des institutions européennes soit attaquée, demandent à la Commission de ne pas céder, et de rester ferme vis-à-vis de Varsovie. Ces partisans de la construction européenne ont peur que les positions de la Pologne créent un précédent dans l'Union. Quant au Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, il a dénoncé le « chantage » dont son pays faisait l'objet. « Nous sommes un pays fier. Ce à quoi nous assistons, c’est à une révolution silencieuse par la voie de verdicts pris par la Cour européenne de justice. On peut dire "non". Si vous voulez un État supranational en Europe, demandez et voyez si vous obtenez le consentement des États membres. Je répète : la plus haute loi de la République de Pologne est sa Constitution. Elle est au-dessus de toute autre loi ». Le Premier ministre polonais a toutefois indiqué qu'il espérait un « dialogue » entre la Commission et son pays.