Le rappeur Médine répond aux critiques sur son concert au Bataclan



Journaliste pour VA Press. En savoir plus sur cet auteur



12 Juin 2018

Alors que de nombreuses personnalités politiques se sont déclarées choquées et que des pétitions ont réuni des milliers de signatures, le rappeur Médine a répondu par communiqué. Il explique ne pas comprendre que sa programmation au Bataclan pose problème alors qu’il affirme combattre « toutes formes de radicalisme ».


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Dans ce genre de polémique, il est toujours difficile d’y voir clair. Chaque partie caricature l’autre. La place des réseaux sociaux est d’ailleurs problématique parce qu’elle est du pain béni pour les personnes de mauvaise foi. Il est en effet trop facile d’y trouver des déclarations outrancières pour ajouter de l’eau à son moulin. Ainsi, d’un côté la programmation d’un islamiste au Bataclan est montrée du doigt comme indécente, de l’autre c’est la campagne de la « fachosphère » qui est critiquée.

Comme souvent, c’est entre les deux postures que l’on se rapproche de la réalité. Ainsi, il est indéniable que Médine est une personnalité engagée dans l’Islam auprès de figures contestées qui pour certaines défendent une vision de l’islam politique. Rien d’illégal donc, mais puisque c’est un positionnement public, il est assez légitime que des personnes relève cet engagement qui s’est notamment manifesté par son rôle d’ambassadeur d’associations et des paroles de chansons qu’il assume comme engagées. Mais il est aussi indéniable que la programmation d’un concert est l’expression de la liberté artistique d’une salle. Si le seuil de la légalité n’a pas été franchi, il n’y a aucun moyen de pression légitime pour empêcher un artiste de se produire. L’argument du « risque de trouble à l’ordre public » est quant à lui fallacieux et problématique parce qu’il donne la possibilité de prendre en otage de manière arbitraire des événements en menaçant implicitement de troubler l’ordre public.

De son côté le principal intéressé répond en critiquant la tentative de « limiter notre liberté d’expression » et ajoute qu’il « renouvelle mes condamnations passées à l’égard des abjects attentats du 13 novembre 2015. » Et de s’interroger « Allons-nous laisser l’extrême droite dicter la programmation de nos salles de concerts voire plus généralement limiter notre liberté d’expression ? » Difficile de s’en sortir si très vite le débat se résume à musulman engagé égal terroriste d’un côté et critique de l’islam politique égale extrême droite de l’autre.