Pourquoi donc arrête-t-on de bouger afin d’écouter ?






4 Septembre 2014

C’est la très sérieuse question à laquelle des neurobiologistes américains ont répondu. Les résultats ont paru dans la revue Nature.


Souvent, on s’arrête pour mieux écouter. Pourquoi ? Parce que des neurones moteurs agissent. Ils interviennent sur leurs confrères si on peut dire, du cortex auditif en réduisant leur action. Ainsi, ce système a un but : être plus concentré quant aux bruits extérieurs.
 
Ce réflexe, tout le monde l’a. On cesse de remuer afin de mieux écouter. C’est machinal. C'est une façon de ne pas se laisser parasiter. Surtout, c'est un moyen pour permettre au cerveau de faire son boulot ! Voilà les conclusions de chercheurs du laboratoire de neurobiologie de la Duke University School of Medicine en Caroline du Nord, aux États-Unis, qui ont travaillé sous la houlette du Professeur Richard Mooney.
 
Notre cerveau est intelligent. Il est capable de réduire les bruits ambiants pour mieux se concentrer sur un interlocuteur précis. L’inhibition de certains neurones du cortex auditif pour avoir la meilleure ouïe possible est un réflexe connu chez l’animal. Chez l’homme aussi, on sait désormais que la partie du cerveau qui gère le mouvement peut  contrôler certains neurones du cortex auditif. Résultat, on entend moins, de façon à mieux écouter !
 
Pour en arriver là, les neurobiologistes américains ont déposé des souris sur des tapis roulants. Ils ont observé la façon dont réagissait leurs cerveaux. Ces expérimentations, hyper pointues, utilisent toutes sortes d’enregistrements, électriques, optogénétiques ainsi que des observations comportementales, des processus pharmacologiques.

Grâce à ces expériences, les chercheurs ont pu comprendre le dispositif : des neurones moteurs sont en effet capables, avant et pendant un mouvement, d'envoyer des signaux afin de réduire la fonction des neurones auditifs. Ils permettent alors de baisser la réponse auditive du cerveau. Le cortex moteur cherche de cette façon, à contrôler le niveau sonore. Le but est de réduire les bruits provoqués par les gestes et les mouvements pour être mieux à l’écoute. Ces résultats pourraient révolutionner les neurosciences, notamment pour comprendre les acouphènes ou les hallucinations auditives.