Quand le système nerveux réagit à des impulsions électriques extérieures






27 Mai 2014

Quand un implant électrique sera capable d’agir sur un organe et d’influencer sa fonction, la bioélectronique pourra remplacer des traitements chimiques. Science-fiction ? Non. Depuis des années, un chercheur américain, Kevin Tracey, planche sur cette question.


Depuis maintenant seize ans, Kevin Tracey, un neurochirurgien américain, et président du Feinstein Institute pour la recherche médicale, dans l’État de New-York, cherche une connexion entre les nerfs et le système immunitaire. C’est sur des rats qu’il a pour le moment mené ses recherches. Aujourd’hui, ses travaux lui permettent de soutenir l’hypothèse, selon laquelle, en stimulant le nerf vague et ses ramifications - le nerf vague est le circuit qu’empruntent les pulsations jusqu’aux organes - avec des impulsions électriques, cela réduirait de potentielles inflammations, et pourrait stopper l'apparition ou la progression de maladies aussi lourdes que des cancers.
 
Pour autant, la communication entre les nerfs et le système immunitaire a toujours été considérée comme impossible à établir. L’idée prédominante est aussi que le système immunitaire, est composé de cellules flottantes. Mais les nerfs ne flottent pas. Ils sont intégrés dans les tissus. Quand Kevin Tracey a commencé ses travaux en 1998, il aurait été inconcevable d’avancer que les nerfs interagissaient directement avec les cellules du système immunitaire. Pourtant, il a toujours été convaincu d’un lien entre les deux.

C’est en menant des expériences sur des rats, qu’il a découvert que le système nerveux était comme un terminal d’ordinateur capable d’envoyer des ordres pour stopper un problème, la propagation d’une inflammation, ou « réparer » des cellules après une maladie. Pour Kevin Tracey, toutes les informations du corps humain, vont et viennent comme des signaux électriques.
 
Ses travaux sont la preuve que l’électricité qui stimule le nerf vague, avec une bonne intensité, et à intervalles réguliers, est capable de remplacer un traitement médical et annihiler des réactions anti-inflammatoires. Les recherches de Kevin Tracey ont aidé à établir ce que l’on appelle aujourd’hui la bioélectronique, domaine qui prend de plus en plus d’ampleur, et qui pourrait, dans le futur, supplanter des traitements chimiques.

Aujourd’hui, des scientifiques sont en train de créer des implants capables de communiquer directement avec le système nerveux afin de combattre toute sorte de maladies, du cancer, à un simple coup de froid. L’idée qui prédomine, serait de manipuler les neurones grâce à des vibrations électriques, afin de retarder la progression de cancers.
 
À l’avenir, le plus gros challenge est de réussir à interpréter le dialogue établi entre les organes et le système nerveux, car le langage électrique du corps humain existe bel et bien. Autre domaine dans lequel des progrès doivent être faits : être capable de fabriquer de nano-implants, d’un millimètre cube, et suffisamment résistants pour comporter des microprocesseurs intégrés.

Si jamais les scientifiques gagnaient cette bataille, et réussissaient à imposer les techniques de bioéléctronique, des millions d’individus pourraient se faire installer de véritables petits ordinateurs accrochés au système nerveux. De quoi agir, retarder ou tout simplement stopper bien des maladies.
 
Attention, toutefois au piratage et aux utilisations frauduleuses. La bioéléctronique est effectivement comme une télécommande capable d’envoyer des ordres au corps humain. Dans un cadre médical, et bienveillant, en revanche, un implant capable de répondre aux signaux électriques d’un organe pourrait influencer sa fonction. Cela ouvre un champ de possible infini. Le traitement de demain, pourrait se résumer à des impulsions électriques, et plus à des bombardements chimiques. Dans le domaine de la bioélectronique, l’information, c’est le traitement, et ça, c'est une bonne nouvelle.