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Ukraine : un procès pour crime de guerre en pleine guerre







18 Mai 2022

C’est une première historique : jamais jusque-là, un procès pour crime de guerre ne s’est tenu en plein conflit.


Plus de 11.000 cas de crimes de guerre à l’étude

Crédit : Twitter Iryna Venediktova
Crédit : Twitter Iryna Venediktova
L’invasion de la Russie par l’Ukraine a commencé il y a à peine trois mois. Pourtant, et c’est une situation inédite, dans un pays en plein conflit, un procès pour crime de guerre se tient. Un procès organisé dans un délai incroyablement court. Un soldat russe, Vadim Chichimarine, est jugé pour avoir abattu un civil de 62 ans le 28 février dernier, en tirant avec une kalachnikov par la fenêtre d’un véhicule.  Aux questions "comprenez-vous les chefs d'accusation ?" et "vous reconnaissez-vous coupable ?", le jeune soldat a répondu "oui".

"Nous avons plus de 11.000 cas de crimes de guerre à l’étude et déjà 40 suspects, a déclaré sur Twitter Iryna Venediktova, procureure générale d'Ukraine. J’ai confiance dans le fait que, dans un futur proche, nous voyions d’autres cas transférés devant les tribunaux et ceux ayant perpétré ces actes devant des juges." Selon le représentant du parquet, "sur ce banc, se trouve un militaire russe ayant tué un civil ukrainien. Du point de vue de la procédure pénale civile, il s’agit d’une procédure normale. La seule particularité est que c’est un militaire russe qui a tué un civil ukrainien."

Un "exemple pour précipiter la fin de la guerre"

Pour autant, lors de l’ouverture de ce procès, le représentant du parquet a clairement exprimé que ce procès devant avant tout servir d’exemple. "Nous assistons au quotidien à des meurtres cyniques, effroyables, de civils qui ne sont pas armés, ne représentent pas de menaces. Ce procès constitue un exemple afin de précipiter la fin de cette guerre, pour que l’humanité ne voit plus de telles horreurs, que les guerres ne puissent plus nuire autant à la population civile."

Selon l’avocat du jeune soldat russe dont le jugement vient de s’ouvrir, sa reconnaissance de sa culpabilité "ne témoigne que de son sentiment intérieur. Il ne nie pas les faits, il ne nie pas le meurtre. Mais en tant que juriste j’ai certains doutes concernant la qualification de ces crimes. L’accusé ne connaissait pas tous les détails du code pénal ukrainien." Reste à voir si la volonté de l’Ukraine de juger un soldat russe pour ses actes en plein conflit est ou non une bonne idée. Le temps de la justice n’étant en général pas le même que celui de la guerre, le symbole risque de l’emporter sur la justice.