Une étude met en lumière les facteurs de la disparition du mammouth






20 Septembre 2013

Pourquoi l’espèce des mammouths s’est-elle éteinte ? Comment la population s’est-elle déplacée et pourquoi ? C’est autour de ces questions qu’Eleftheria Palkopoulou et ses collègues tentent de répondre dans l’article qu’ils ont publié dans Proceedings of the Royal Society une étude détaillant les résultats du séquençage ADN d’environ trois cents animaux. Ce travail scientifique a permis de cartographier l’évolution géographique de l’espèce tout en mettant en perspective ces données avec les évolutions climatiques.


Étudier les gènes pour comprendre les déplacements de population

Illustration : Charles R. Knight
L’ADN a été recueilli sur des fossiles de l’espèce du mammouth laineux présents dans l’hémisphère nord (Amérique du Nord, Sibérie et Europe). Cet animal de huit à douze tonnes, de la famille des pachydermes pouvait mesurer jusqu’à cinq mètres au garrot, mais la caractéristique qui a été pour beaucoup garante de sa longévité était la qualité de ses poils. Très épais, ils le rendaient particulièrement adapté aux conditions climatiques extrêmes qui sévissaient lors de sa présence, dans l’hémisphère nord.
 
Un des constats des chercheurs a été de prouver qu’il existait deux sous-espèces de mammouths. La première vivait en Amérique du Nord, tandis que la seconde était originaire de Sibérie. Lors de la précédente ère interglaciaire, il y a 120 000 ou 110 000 ans l’espèce était séparée sur les deux continents. Le réchauffement climatique a ainsi provoqué un affaiblissement en même temps qu’une fragmentation des populations. Lors de la période glaciaire commencée il y a 100 000 ans, l’étude de l’ADN réalisée permet de montrer que les deux sous-espèces se seraient rejointes il y a environ 60 000 ans alors que le détroit de Behring permettait un passage hors de l’eau. Les deux sous-espèces auraient ainsi cohabité quelques milliers d’années, puis la population sibérienne aurait totalement disparu il y a environ 40 000 ans. Les chercheurs ont ainsi retrouvé un ADN de la sous-espèce américaine eu Europe et en Asie du Nord. L’extinction de l’espèce aurait été déclenchée il y a environ 10 000 ans. Le climat aurait-il alors conditionné l’extinction de l’espèce ?

Les changements climatiques comme facteur déclencheur de l’extinction de l’espèce ?

À la fin de la dernière ère glaciaire, il y a environ 10 000 ans, l’espèce du mammouth a commencé à s’éteindre (les fossiles les plus récents datent de 4 000 ans). On pourrait supposer que ce déclin est dû au changement climatique, et à la limitation de son habitat. « Il semble donc probable que les changements environnementaux ont joué un rôle significatif dans l’histoire de la démographique du mammouth laineux, avec des périodes chaudes limitant la quantité d'habitats disponible et des périodes froides menant à l'expansion de la population, à la fois en raison de la recrudescence de la toundra et par le niveau de la mer qui exposait le pont terrestre du détroit de Behring »(1). Pourtant, les résultats obtenus par les chercheurs indiquent qu’un déclin similaire s’est produit lors de la dernière période interglaciaire il y a 120 000 ans. L’espèce ne s’était néanmoins pas éteinte.
 
« Déterminer la raison pour laquelle le mammouth laineux a survécu dans des refuges [des habitats relativement petits au sein desquelles les populations ont survécu, ndlr] pendant les précédentes périodes interglaciaires, mais pas au cours de l'Holocène [la dernière période interglaciaire, ndlr], peut ainsi fournir la clé pour comprendre le mécanisme qui explique son extinction finale »(2). Parmi les facteurs explicatifs sont postulés la croissance de l’espèce humaine ou un changement climatique bien plus rapide causant une plus grande difficulté pour l’espèce de s’adapter son alimentation.

(1) http://rspb.royalsocietypublishing.org/content/280/1770/20131910.full
(2) Ibidem.