Une taxe sur les livres d’occasion ?






15 Avril 2024

Emmanuel Macron a lancé, lors de sa visite du Salon du Livre de Paris le 12 avril 2024, l'idée d'imposer une taxe sur les livres d'occasion en France, une proposition qui a immédiatement suscité de vives réactions. Ce projet vise à redistribuer les revenus générés par ce marché florissant aux auteurs et éditeurs originaux, qui ne bénéficient pas des ventes secondaires.


Le marché du livre d’occasion est en croissance

Le marché du livre d'occasion n'est plus un segment marginal de l'édition en France. Selon une étude menée en 2022 par le ministère de la Culture et la SOFIA, ce secteur a généré un chiffre d'affaires de 350 millions d'euros, en hausse de 30 % par rapport aux cinq années précédentes. Cette étude révèle également que les livres d'occasion représentent désormais 20% de tous les livres achetés dans l'Hexagone. Parmi eux, les genres littéraires les plus populaires sont les romans policiers et la littérature contemporaine, avec des ratios encore plus élevés de livres d'occasion dans ces catégories pouvant atteindre 50%.

La facilité d'accès aux livres d'occasion via des plateformes en ligne comme Vinted ou Leboncoin a changé les habitudes d'achat. Un Français sur quatre achète désormais des livres d'occasion, et près de 40% des Français revendent leurs livres, contribuant ainsi à un cycle de revente actif qui stimule ce marché.

Taxer un marché en croissance ?

La proposition de Macron n'a pas manqué de provoquer des réactions au sein de la classe politique et parmi les professionnels du livre. François Bayrou, figure centrale du MoDem, s'est ouvertement opposé à cette mesure, la qualifiant de préjudiciable pour les moins aisés, car elle pourrait augmenter la charge fiscale indirecte.

Pour les acheteurs de livres, cette taxe pourrait signifier une augmentation des prix sur le marché d'occasion, réduisant l'attrait de cette option économique et écologique. La mesure est perçue par certains comme une barrière potentielle à l'accès à la culture, surtout pour les budgets les plus serrés. Un paradoxe alors que le gouvernement se plaint régulièrement que les jeunes ne lisent pas suffisamment.