Crédit immobilier : près d’un sur deux est refusé à cause du taux d’usure






16 Aout 2022

Le marché de l’immobilier risque de subir de plein fouet la conjoncture, qui lui est très défavorable : la hausse des taux des crédits, cumulée à un taux d’usure relativement bas, conduit les établissements à devoir refuser les demandes de prêt. L’impact, craint par les professionnels, commence fortement à se faire sentir.


Les taux d’usure est trop bas, alerte l’Afib

Pixabay/JamesDeMers
L’Afib, l’Association française des intermédiaires en bancassurance, craint pour la filière : selon un sondage qu’elle a commandé à Opinion System, et que FranceInfo a pu consulter, la situation devient critique. Environ 45% des demandes de crédit immobilier sont refusées, à cause du taux d’usure. Et c’est insoluble : les taux d’usure sont fixés légalement, et les établissements ne peuvent pas accorder de prêt si ces taux sont dépassés.

Dans un communiqué de presse, l’Afib juge que la hausse des taux d’usure appliquée par la Banque de France au 1er juillet 2022 est « insuffisante » par rapport à la hausse des taux d’intérêt des crédits. Pour les prêts d’une durée de 20 ans ou plus, le taux d’usure est en effet de 2,57%, alors que les taux des crédits immobiliers dépassent allègrement les 1,50%. Or, dans le calcul du taux d’usure, il faut ajouter la commission de l’intermédiaire, celle de la banque, les frais de dossier ainsi que les mensualités de l’assurance emprunteur.

Le marché immobilier risque de se gripper

Porté depuis des années par des taux d’intérêt très bas, le marché immobilier risque de souffrir fortement de cette situation. « Les ventes dans l'immobilier ancien et dans le neuf sont déjà touchées », souligne Jérôme Cusanno à FranceInfo. Surtout que ce sont les projets d’achat des 30-55 ans qui sont les plus touchés (51% de refus), alors qu’il s’agit de « la tranche des actifs les plus aisés ».

L’Afib demande à la Banque de France d’agir et propose de changer le mode de calcul du taux d’usure. Sans cela, le marché immobilier pourrait connaître un brusque coup de freinage. D’ailleurs, l’Afib conseille aux Français « d’attendre » avant de poursuivre leur projet d’achat, s’ils le peuvent.