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Le géant du luxe Hermès attaque un bouquiniste turc







7 Février 2024

Umit Nar, un bouquiniste truc de la ville d'Izmir, se retrouve dans la tourmente juridique face à Hermès. Le géant du luxe français lui reproche d'avoir utilisé le même nom pour son enseigne.


Un bouquiniste turc épinglé par Hermès

Le géant du luxe Hermès attaque un bouquiniste turc
Ce conflit, apparu en décembre 2021, souligne la bataille d'un petit commerçant pour préserver son droit d'exploiter un nom qu'il considère comme faisant partie du patrimoine culturel mondial, face à une multinationale déterminée à défendre sa marque à tout prix, au risque de paraître excessif. Le géant du luxe a ainsi porté plainte contre Umit Nar, bouquiniste depuis 15 ans à Istanbul, puis en Turquie, après que celui-ci ait fait une demande pour déposer le nom « Bouquiniste Hermes » auprès de TurkPatent, l'organisme turc en charge de la propriété intellectuelle. 

Malgré la différence flagrante entre les activités des deux entreprises, l'enseigne françaises a invoqué un « risque de confusion » entre les deux marques. Une idée largement réfutée, par Umit Nar, qui a souligné que la différence entre les produits vendus par Hermès et ceux proposés par sa librairie rend toute confusion impossible. « Si j'avais ouvert un magasin de chaussures ou de textile avec le nom Hermes, ce serait compréhensible. Mais Hermès vend des sacs de luxe en cuir des milliers d'euros, et moi des livres d'occasion à 15 livres turques, 45 centimes d'euros », insiste-t-il, soulignant l'absurdité de la situation.
 

Propriété intellectuelle ou patrimoine culturel ?

Pour Umit Nar, le nom « Hermès » représente bien plus qu'une simple enseigne ; il incarne son identité et celle de sa librairie. « Plus que mon vrai nom, la plupart des gens me connaissent comme le Bouquiniste Hermes », souligne-t-il, tout en mettant en avant l'impact que pourrait avoir la perte de ce nom sur son entreprise et sa vie. 

Le libraire turc a rapidement exprimé son indignation face l'action disproportionnée de l'enseigne française : « Hermès, Zeus ou le Père Noël appartiennent au patrimoine culturel de l'humanité. Aucune entreprise, si grande soit-elle, ne devrait pouvoir s'accaparer ces noms si ancrés dans notre mémoire collective. » De son point de vue, certains noms ne devraient être l'apanage d'aucune entité commerciale, rappelant par la même occasion l'association du dieu Hermès avec l'histoire d'Izmir, l'ancienne Smyrne, une ville imprégnée de mythologie grecque. « Il n'est pas juste qu'une entreprise internationale puisse s'approprier un élément culturel. Je me bats aussi contre cela », conclut-il. La prochaine séance se tiendra en mars 2024. En attendant, le libraire turc tente par tous les moyens, notamment via les réseaux sociaux, de faire entendre sa voix et d'interpeller le siège d'Hermès.